La statue de Jeanne d’Arc, fierté retrouvée d’Orléans
20 Pl. du Martroi Orléans
EN RÉSUMÉ
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a statue de Jeanne d’Arc, dressée au centre de la place du Martroi, incarne depuis plus d’un siècle et demi la fierté d’Orléans. Réalisée en bronze par Denis Foyatier à partir du métal de neuf canons, elle symbolise la mémoire d’une ville libérée par la Pucelle en 1429 et la persévérance d’un peuple attaché à son histoire.
Carte postale représentant les bas-reliefs de la statue de Jeanne d'Arc.
Au milieu du XIXᵉ siècle, la Ville d’Orléans souhaite donner un nouvel éclat à l’image de Jeanne d’Arc. En 1846, le sculpteur Denis Foyatier reçoit la commande d’un grand monument équestre qui racontera, à travers ses reliefs, les hauts faits de la Pucelle. Son projet est ambitieux : statue, socle et cycle narratif complet. Le modèle est achevé en 1850, mais la souscription publique peine à couvrir les coûts. Retardée par les événements de 1848, l’œuvre n’aboutit qu’en 1853, grâce au métal de neuf canons donnés par le ministère de la Guerre. Fondue par les fonderies de Saint-Denis, la statue est inaugurée sur un socle provisoire en 1855, lors des fêtes johanniques. Elle symbolise alors la renaissance patriotique du Second Empire et l’union du peuple autour de son héroïne.
8 mai 1922, défilé devant la statue de Jeanne d'Arc lors de sa fête à Orléans, place du Martroi.
Un procès retentissant oppose ensuite Foyatier à la Ville, l’artiste estimant ne pas avoir été dédommagé pour les reliefs prévus au contrat. Après des années de démarches, il est soldé de 30 000 francs, au crépuscule de sa carrière. En 1859, la municipalité confie la suite du programme à Vital-Gabriel Dubray, qui crée un cycle de dix bas-reliefs fondus par Victor Thiébaut. Quatre sont inaugurés en 1860, six autres en 1861. Certaines scènes sont inédites dans l’art de Jeanne d’Arc : Jeanne blessée devant Paris, Jeanne faite prisonnière ou Jeanne en prison. L’ensemble transforme le piédestal en véritable fresque de bronze, racontant la vie de la Pucelle comme un roman national.
Carte postale représentant la statue équestre de Jeanne d'Arc, sur la place du Marlroi à Orléans
La Seconde Guerre mondiale épargne la statue d’une fonte totale — la seule du Loiret préservée par les autorités de Vichy —, mais les bombardements de 1944 l’endommagent gravement. Le socle est éventré, plusieurs reliefs sont tordus et l’épée arrachée. Les restaurations sont confiées à la Maison Susse, financées par un corps d’armée américain de La Nouvelle-Orléans. En 1988, les reliefs d’origine, fragilisés par le temps, sont déposés au musée des Beaux-Arts d’Orléans et remplacés par des moulages en résine. Plus de cent cinquante ans après son inauguration, la statue de Jeanne d’Arc continue de dominer la place du Martroi, gardienne immobile de la mémoire d’Orléans et du lien indéfectible entre la ville et son héroïne.
Crédit photo de couverture / Source : Gustav Sommer, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons