Le puits de Moïse, chef-d’œuvre de la sculpture gothique

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Au cœur de la Bourgogne ducale, le puits de Moïse s’élève comme un témoignage sculpté de la foi et du pouvoir. Œuvre de l’atelier de Claus Sluter pour Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, ce monument unit l’eau, la pierre et la prophétie dans un geste artistique qui transcende les siècles.

Dessin de la chartreuse en 1686 par Aimé Piron, avec en haut, l'édicule protégeant le puits de Moïse au milieu du grand cloître. 

En 1385, Philippe le Hardi fonde la Chartreuse de Champmol aux portes de Dijon, destinée à devenir la nécropole des ducs de Bourgogne. Il confie à Claus Sluter la création d’un calvaire monumental au centre du cloître, bâti sur un puits alimenté par une source souterraine. Entre 1395 et 1405, l’artiste et son neveu Claus de Werve façonnent une colonne hexagonale en pierre d’Asnières-lès-Dijon, ornée de six prophètes – Moïse, David, Isaïe, Jérémie, Zacharie et Daniel – dont les visages puissants annoncent la Passion du Christ.
Le monument s’élevait alors au centre du grand cloître des moines, où l’eau puisée symbolisait la grâce divine.

 Dijon, les prophètes Daniel et Isaïe, sur un côté du Puits de Moïse.

À l’origine, l’œuvre resplendissait de couleurs et de dorures : vermillon, vert-de-gris, blanc de plomb et feuilles d’or appliqués par le peintre ducal Jean Malouel. Cette polychromie animait le monument comme une “fontaine de vie”, symbole de la grâce divine. La partie haute, surmontée d’une grande croix et de figures d’anges, fut détruite à la fin du XVIIIᵉ siècle, au moment de la Révolution. Des fragments, dont les jambes du Christ, sont aujourd’hui conservés au Musée archéologique de Dijon.

Bâtiment protégeant le Puits de Moïse aujourd'hui. 

Installé dans le parc du Centre hospitalier de la Chartreuse, le puits de Moïse demeure un chef-d’œuvre du gothique flamboyant et un précurseur de la Renaissance. Restauré entre 2001 et 2003, il révèle encore des traces de sa polychromie originelle. Dans le silence du cloître disparu, les six prophètes de Sluter continuent d’interroger la foi, la beauté et le mystère de l’eau vive — un pont entre l’héritage spirituel des chartreux et l’art des ducs de Bourgogne.

Crédit photo de couverture / Source : Allie_Caulfield, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons


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