Le musée du carreau Wendel, sur les traces des mineurs de Lorraine

6V37+97 Rue du Lieutenant Joseph Nau Petite-Rosselle

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À la frontière franco-allemande, à Petite-Rosselle, le carreau Wendel raconte l’épopée du charbon en Lorraine. Né au XIXᵉ siècle dans la fièvre industrielle, il a vu naître des générations de mineurs, forgé des cités ouvrières et traversé les bouleversements de l’histoire avant de renaître en musée.

Musée de la Mine du Carreau Wendel à Petite-Rosselle en 2009.

Tout commence en 1862, quand la puissante famille Wendel, déjà à la tête de hauts-fourneaux et d’aciéries, se tourne vers le charbon, indispensable à la sidérurgie. À Petite-Rosselle, près de la frontière allemande, elle fonde la Société des houillères de Petite-Rosselle et entreprend le fonçage des puits Wendel 1 et 2, bientôt suivis du puits Vuillemin. Le site prospère rapidement : les ateliers se multiplient, les cités ouvrières s’étendent, et la mine attire des centaines de familles venues de Lorraine, d’Allemagne ou de Pologne. Devenu progressivement le plus grand site minier de Lorraine, le carreau incarne l’essor d’une région en pleine industrialisation. Après 1871, la Moselle annexée passe sous administration allemande, et l’exploitation poursuit son développement sous contrôle prussien. Les décennies suivantes voient s’élever les chevalements en fonte et les bâtiments industriels typiques de l’époque. Rendu à la France en 1918, le carreau, endommagé par la guerre, est vite remis en activité. Dans les années 1920-1930, de nouveaux investissements modernisent les puits, avant qu’une nouvelle interruption ne survienne durant la Seconde Guerre mondiale.

Représentation de la statue de sainte Barbe au Musée du Carreau Wendel, religion et paternalisme. 

Après la nationalisation de 1946, les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) reprennent le site et en font un modèle de modernité. Les infrastructures sont agrandies : le puits Wendel 3 est achevé en 1952, le lavoir 3 entre en service, et les équipements électriques remplacent peu à peu la force de la vapeur. Dans les années 1950, plus de 3 000 mineurs descendent chaque jour sous terre. Le vacarme des machines, la chaleur du fond et la poussière de houille rythment la vie d’une communauté solidaire. Autour des puits s’organise tout un monde : écoles, stades, églises et coopératives structurent le quotidien des familles, soudées par la fierté d’appartenir à la grande aventure minière. Le carreau devient le cœur battant de la vallée. Mais dès les années 1970, la concurrence internationale, les coûts d’extraction et l’épuisement des gisements précipitent le déclin. En 1986, le carreau Wendel ferme : un siècle d’histoire ouvrière s’achève dans le silence des galeries.

Machine à sortir le charbon dans une galerie de la mine du carreau Wendel 

La renaissance du site s’amorce quelques années plus tard. Dans les années 1990, l’Établissement public foncier de Lorraine rachète le site et engage une ambitieuse restauration. Les bâtiments sont sauvés, les chevalements consolidés, et le lavoir 1-2 devient un espace muséographique inauguré en 2000. En 2006, la Mine Wendel ouvre un parcours souterrain immersif qui restitue les gestes et les sons du travail au fond, avant l’inauguration du musée Les Mineurs Wendel en 2012, dans l’ancien bâtiment des bains et des lampes. Inscrit aux Monuments historiques depuis 1998 et reconnu comme point d’ancrage du réseau européen du patrimoine industriel (ERIH), le site perpétue aujourd’hui la mémoire des mineurs de Lorraine et illustre la transformation d’un lieu de labeur en espace de transmission et de fierté collective.

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