Le parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim, aux origines d’une mémoire commune
1 Rue Robert Schuman Bliesbruck
EN RÉSUMÉ
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Le Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim s’étend dans la vallée verdoyante de la Blies, à la frontière de la Moselle et de la Sarre. Ce site franco-allemand raconte plus de six mille ans d’occupation humaine – des premiers paysans du Néolithique aux bâtisseurs gallo-romains – dans un paysage où la terre livre encore, chaque année, de nouveaux fragments d’histoire.
Occupé sans interruption depuis la Préhistoire, le territoire de Bliesbruck-Reinheim devint, au Iᵉʳ siècle apr. J.-C., un vicus gallo-romain prospère. L’agglomération s’organisait autour d’une voie commerciale et de thermes monumentaux, symboles de la romanisation des campagnes. C’est sur ce sol fertile, bordé de plateaux boisés et traversé par la Blies, qu’est né en 1989 un projet archéologique européen exemplaire : réunir chercheurs, institutions et publics autour d’un passé commun. Sous la direction de Jean-Paul Petit, le site devient un modèle de coopération scientifique et culturelle, où la mémoire dépasse les frontières politiques.
Le parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim, projet transfrontalier unique.
Parmi les découvertes majeures, la tombe de la princesse de Reinheim, datée du Vᵉ siècle av. J.-C., reste l’une des plus riches de l’Europe celtique. Ornée d’un diadème, de bracelets et d’un torque d’or finement ciselé, elle révèle une société hiérarchisée, empreinte de spiritualité et de raffinement. La découverte des villae, des thermes et du quartier artisanal gallo-romains a, quant à elle, mis en lumière une prospérité durable : mosaïques polychromes, hypocaustes chauffant les salles, fours de potiers et ateliers de forge témoignent d’une économie agricole et manufacturière florissante, tournée vers la vigne, la céramique et le commerce régional. Les habitants vivaient ici au rythme des marchés, des bains publics et des cultes domestiques, dans un équilibre subtil entre héritage celte et art de vivre romain. Ces strates archéologiques, celte et romaine, se répondent comme deux chapitres d’un même récit européen : celui des origines et des échanges.
Reconstitution de la chambre funéraire en bois de la Princesse de Reinheim.
Aujourd’hui, sur plus de 70 hectares, le parc conjugue recherche scientifique, valorisation patrimoniale et médiation culturelle. Les vestiges, protégés sous verrières, dialoguent avec des reconstitutions fidèles, tandis que le musée du Parc archéologique européen présente les objets issus des fouilles : parures celtiques, céramiques, outils, amphores et maquettes restituant les bâtiments d’origine. Des fouilles actives enrichissent chaque année la connaissance du site, offrant de nouvelles clés de lecture sur la vie quotidienne dans l’Antiquité. Bliesbruck-Reinheim n’est plus seulement un lieu d’histoire : c’est un symbole d’unité européenne, où l’archéologie devient un langage commun pour relier l’histoire des peuples à travers le temps.
Crédit photo de couverture / Source : Carole Raddato from FRANKFURT, Germany, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons