Le Negresco : un siècle de faste sur la promenade des Anglais

37 Prom. des Anglais Nice

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EN RÉSUMÉ

Dressé face à la Méditerranée, sur la mythique promenade des Anglais, l’Hôtel Negresco raconte plus d’un siècle d’histoire et de faste. Son fondateur, le Roumain Henri Negrescu, rêve d’un établissement qui rivaliserait avec les plus grands palaces d’Europe. Grâce au soutien de magnats de l’automobile, il fait appel à l’architecte Édouard-Jean Niermans, maître des lieux de spectacle parisiens, qui imagine un bâtiment spectaculaire inauguré en 1913. Sous sa coupole rose et son salon royal baigné de lumière, les têtes couronnées s’émerveillent devant le lustre Baccarat aux 16 800 cristaux, le marbre de Carrare et les innovations modernes comme le service pneumatique pour le courrier. La Première Guerre mondiale interrompt cet élan : réquisitionné comme hôpital militaire, l’hôtel perd ses plus belles années. Ruiné, Henri Negrescu cède en 1920 le bail à une société belge. Mais le Negresco ne cesse d’écrire son roman. En 1948, la chanteuse Suzy Delair y interprète C’est si bon lors du premier Nice Jazz Festival. Louis Armstrong, séduit, en fera un tube mondial deux ans plus tard.

Hall central de l'Hôtel Negresco avec son lustre en cristal de Baccarat 

En 1957, un tournant décisif survient avec l’arrivée de Jeanne Augier, qui consacre sa vie à l’hôtel. Visionnaire, passionnée d’art, elle transforme le palace en hôtel-musée. Plus de 6 000 œuvres jalonnent les chambres et couloirs : portraits de rois, sculptures de Niki de Saint Phalle, toiles de Vasarely ou Moretti. Même l’ascenseur capitonné, inspiré du berceau du roi de Rome, illustre son goût du détail. Sollicitée par Charles de Gaulle, elle supervise en 1965 la création d’un palace à Ispahan pour le shah d’Iran. Et, malgré les offres mirobolantes du sultan de Brunei ou de Bill Gates, elle s’obstine à préserver l’indépendance et l’âme française de son hôtel. Classé Entreprise du patrimoine vivant et inscrit aux Monuments historiques, le Negresco demeure une légende. Entre réceptions somptueuses, tournages de films et clients célèbres comme Salvador Dalí ou Grace Kelly, il incarne à la fois la mémoire artistique et mondaine de Nice. Disparu en 2019, Jeanne Augier a confié son héritage à un fonds de dotation chargé de protéger l’hôtel et ses collections. Ainsi, le Negresco continue de briller, éternel joyau de la Riviera.

Crédit photo / Source : wikipedia


LEXIQUE

  • Promenade des Anglais : célèbre avenue longeant la baie des Anges à Nice, symbole de la ville et lieu d’implantation de l’Hôtel Negresco.

  • Palace : catégorie d’hôtels de luxe prestigieux, au-delà des cinq étoiles, synonyme d’excellence et d’exception.

  • Salon royal : grand hall elliptique du Negresco, surmonté d’une verrière et orné d’un lustre Baccarat, classé monument historique.

  • Entreprise du patrimoine vivant : label d’État français décerné aux entreprises au savoir-faire artisanal ou industriel d’excellence.

  • Hôtel-musée : expression donnée au Negresco en raison des milliers d’œuvres d’art qu’il abrite, transformant ses couloirs en véritable galerie.


PERSONNAGES HISTORIQUES

  • Henri Negrescu : maître d’hôtel roumain, fondateur du Negresco en 1913 grâce à des soutiens financiers, dont des magnats de l’automobile.

  • Édouard-Jean Niermans : architecte de renom, concepteur du Negresco, également auteur du Moulin Rouge et de l’Hôtel du Palais de Biarritz.

  • Jeanne Augier : héritière et dirigeante emblématique du Negresco de 1957 à 2019, qui fit de l’hôtel un « hôtel-musée » et refusa de le vendre.

  • Charles de Gaulle : président de la République française qui sollicita Jeanne Augier en 1965 pour créer un palace en Iran.

  • Louis Armstrong : célèbre musicien de jazz qui popularisa la chanson C’est si bon, entendue pour la première fois au Negresco en 1948.


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