Le Théâtre Sébastopol, cent jours pour rallumer les feux de la scène

Pl. Sébastopol Lille Nord

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EN RÉSUMÉ

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Quand le Théâtre Sébastopol surgit sur la place du même nom, en 1903, c’est tout Lille qui respire à nouveau. Né des cendres du Grand Théâtre incendié quelques mois plus tôt, ce bâtiment éphémère devenu emblématique raconte l’incroyable vitalité d’une ville pour qui la culture ne doit jamais mourir.

Dans la nuit du 5 au 6 avril 1903, le Grand Théâtre de Lille s’embrase sous les yeux impuissants des habitants. Au petit matin, il ne reste que des murs calcinés et des coulisses effondrées. Mais la cité, fière de son esprit d’initiative, refuse le silence. Le maire Gustave Delory promet un nouveau théâtre avant la fin de l’année : un lieu pour que l’art reprenne aussitôt ses droits. L’architecte Léonce Hainiez relève ce pari insensé : en cent jours, sur la place Sébastopol, un édifice tout en bois, métal et plâtre sort de terre. Jour et nuit, les marteaux battent la mesure ; les odeurs de peinture fraîche se mêlent à la sciure ; des artisans façonnent les mascarons, pendentifs et corniches d’une salle de 1 350 places. Le 30 novembre 1903, le rideau s’ouvre sur une ville debout.

Le Théâtre Sébastopol de Lille vers en 1905. Ce théâtre fut construit en seulement 102 jours. 

Dès ses débuts, le Théâtre Sébastopol devient un lieu de liesse et de curiosité. Opérettes, revues, cirques et grands bals s’y succèdent. La salle, d’abord provisoire, se transforme vite en temple populaire : le peuple et la bourgeoisie s’y côtoient dans une même effervescence. Les années 1920 font vibrer la scène au rythme de Mistinguett et Joséphine Baker. Sous les lustres, l’art du divertissement triomphe : la scène devient miroir d’une société avide de mouvement et de rêve. Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que la ville vit sous l’Occupation, le Sébasto demeure la seule grande salle autorisée. Entre drapeaux ennemis et rideaux rouges, on y chante encore : la musique y devient acte de survie. Après-guerre, des voix comme Luis Mariano ou Tino Rossi font chavirer la salle lors des grandes opérettes populaires. Sous les ors simples du balcon, les rires montent jusqu’au plafond peint de volutes bleues.

Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, le Théâtre Sébastopol demeure le cœur battant de la scène lilloise. Restauré avec soin, il conjugue respect du patrimoine et modernité : théâtre contemporain, concerts, one-man shows, spectacles familiaux. Chaque soir, la lumière des candélabres éclaire la même promesse : celle d’un lieu né du feu, nourri de passion, et fidèle à sa devise : à Lille, la culture ne doit jamais mourir. Plus d’un siècle après sa naissance, le Théâtre Sébastopol continue de rallumer, chaque soir, les feux de la scène.

Crédit photo de couverture / Source : Velvet, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons


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