7 mai 1945 : l'armistice est signé à Reims

12 Rue du Président Franklin Roosevelt Reims

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Dans la nuit du 7 mai 1945 c'est dans une salle de classe de Reims, que l’Allemagne nazie signait sa reddition inconditionnelle, mettant fin du même coup à la seconde guerre mondiale. Cet acte historique, trop souvent éclipsé, que la ville et l’histoire s’efforcent aujourd’hui de remettre en lumière.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Une salle de classe pour mettre fin à la guerre

The flag of the Soviet Union being raised above the Reichstag. 

  La photo emblématique « Lever un drapeau sur le Reichstag » par Yevgeny Khaldei prise le 2 mai 1945 à Berlin.

Au printemps 1945, l’Allemagne est à l’agonie. Berlin est tombée le 2 mai sous les assauts de l’Armée rouge. Adolf Hitler s’est suicidé le 30 avril dans son bunker. Son successeur désigné, l’amiral Karl Dönitz, cherche à éviter l’effondrement total. Son idée : capituler uniquement devant les Anglo-Américains, pour freiner la progression soviétique et éviter la capture de masse de soldats et civils par l’URSS. Mais les Alliés, réunis autour des États-Unis et du Royaume-Uni, refusent toute paix séparée. Ils exigent une reddition totale et simultanée sur tous les fronts.

C’est à Reims, nœud ferroviaire stratégique, que s’est installé en février le quartier général allié, le SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force) dirigé par le général Dwight D. Eisenhower. L’ancien collège technique de la rue Jolicœur abrite désormais le poste de commandement où se joue la fin de la guerre. Le 6 mai, Alfred Jodl, chef d’état-major allemand, arrive sur la base aérienne de Reims muni des pleins pouvoirs. Les négociations sont fermes. Eisenhower exige une reddition immédiate et sans condition. Jodl finit par céder.

8 jours en mai - 1

Reims, capitale éphémère de la paix

Signature de la reddition le 7 mai 1945

 Signature de la reddition allemande le 7 mai 1945 à Reims. 

Il est 2 h 41 du matin, ce 7 mai 1945, lorsque l’acte de reddition militaire est signé dans la War Room, une salle des cartes aménagée dans le collège. Autour de la table :

  • Walter Bedell Smith, chef d’état-major du SHAEF, signe au nom des Alliés occidentaux,

  • Ivan Sousloparov, général soviétique, prend la responsabilité de signer sans l’aval du Kremlin,

  • François Sevez, chef d’état-major adjoint du général Juin, contresigne en qualité de témoin français, convoqué in extremis,

  • Et Alfred Jodl signe au nom du Haut Commandement allemand.

Jodl surrender front view.JPG

 Le général Jodl signe l’acte de capitulation des forces allemandes.

L’acte est rédigé en quatre langues (anglais, français, russe, allemand), mais seul le texte anglais fait foi. Il contient une clause (article 4) stipulant que ce document pourra être remplacé par un acte ultérieur, une concession arrachée par les Soviétiques. Eisenhower, d’un rang supérieur à Jodl, ne participe pas à la cérémonie. Mais à 3 heures du matin, il reçoit la délégation allemande dans son bureau. Il dira à Jodl : “Vous serez tenu personnellement et entièrement responsable de l’observation des conditions de la capitulation.” Puis, en compagnie de ses collaborateurs, il prononce son discours de victoire en sabrant le champagne.

Allied Commanders after Germany Surrendered 

 Peu après le discours du général Eisenhower, le haut commandement allié célèbre à Reims, la capitulation sans condition de l’armée allemande.

Les combats doivent cesser le 8 mai à 23 h 01. Ce délai, obtenu par les Allemands, leur laisse le temps de faire refluer soldats et civils vers les zones occidentales. Staline voit clair dans cette manœuvre. L’annonce officielle est prévue pour le lendemain. Mais le 8 mai à 14 h 30, un scoop éclate : Edward Kennedy, journaliste de l’Associated Press, décide de briser l’embargo en révélant la nouvelle de la capitulation. Cet embargo était une consigne formelle imposée aux journalistes présents à Reims : ne rien publier avant l’annonce officielle du 8 mai à 15 h, afin de laisser aux chefs d’État alliés le soin de proclamer la fin de la guerre de manière coordonnée. Kennedy, entendant la nouvelle circuler sur les ondes allemandes, estime qu’il n’y a plus lieu de se taire, et transmet l’information à son agence. Ce geste, salué par certains pour son courage, lui coûtera néanmoins son poste.

Une histoire de la Deuxième Guerre mondiale - Tome 2 1943 - 1945 - 1

Pourquoi Reims a été ecarté de l'histoire ?

German instrument of surrender 

 Acte de capitulation signé le 7 mai 1945 à Reims. 3  autres actes furent signés : un pour la Grande-Bretagne, un pour la Russie et un pour la France.

Staline, furieux, refuse de valider l’acte de Reims. Non seulement parce que son représentant a signé sans son accord, mais surtout parce que la cérémonie s’est tenue sur le sol français, loin de Berlin. Il exige une seconde signature, cette fois au cœur du Reich, dans la zone occupée par les Soviétiques.

Le 8 mai au soir, à Karlshorst dans la banlieue de Berlin, la reddition est à nouveau signée :

  • Wilhelm Keitel pour l’Allemagne,

  • Joukov pour l’URSS,

  • Tedder pour les Alliés occidentaux,

  • Carl Spaatz pour les États-Unis,

  • Et Jean de Lattre de Tassigny, cette fois au titre de représentant officiel de la France.

Ironie de l’histoire : c’est l’acte signé à Reims qui met officiellement fin à la guerre le 8 mai à 23 h 01. La signature de Berlin, bien que plus solennelle, est avant tout une reprise politique orchestrée par les Soviétiques. Le 8 mai devient la date officielle de la Victoire. À Moscou, où il est déjà minuit passé, la victoire est célébrée le 9 mai. Ce décalage symbolique continue aujourd’hui de distinguer les mémoires collectives occidentale et russe.

Pendant des décennies, Reims disparaît du récit national. L’absence de drapeau français lors de la signature, le rôle effacé du général Sevez, et la frustration de Charles de Gaulle, mis à l'écart des grandes décisions, contribuent à reléguer cette page à l’arrière-plan. Il faut attendre 1985 pour que la salle de la War Room soit classée monument historique. Le Musée de la Reddition y est ouvert, avec ses cartes d’origine, la grande table où tout s’est joué, encore là, intacte, et des documents d’archives.

Musée de la réddition L'Union 

Aujourd’hui, les commémorations du 7 mai réhabilitent Reims dans la mémoire collective. En 2025, pour les 80 ans de la capitulation, la flamme du Soldat inconnu a été exceptionnellement transférée depuis Paris. Des timbres commémoratifs, des expositions et des visites guidées ont rappelé que c’est ici, dans une salle de classe anonyme, que la paix fut signée. C’est à Reims que la guerre s’est officiellement arrêtée. Une victoire signée dans l’ombre, mais porteuse de paix.

 


Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale - 1

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GLOSSAIRE

  • SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force) : Quartier général suprême des forces expéditionnaires alliées en Europe, dirigé par le général Eisenhower. Il était installé à Reims à partir de février 1945.

  • Reddition inconditionnelle : Capitulation sans aucune négociation ni condition préalable, imposée aux forces allemandes par les Alliés.

  • War Room : Salle des cartes située dans le collège technique de Reims, utilisée comme salle d’opérations du SHAEF, et lieu où fut signée la reddition.

  • Acte de reddition militaire : Document officiel signé par les représentants allemands et alliés, qui fixe la fin des combats. Celui signé à Reims le 7 mai est le seul à entrer en vigueur juridiquement.

  • Clause 4 : Article de l’acte de reddition du 7 mai stipulant qu’il pourrait être remplacé par un acte ultérieur, permettant ainsi la signature d’un second acte à Berlin.

  • Alfred Jodl : Général allemand, chef d’état-major des forces armées du Reich, signataire de l’acte de reddition à Reims.

  • Walter Bedell Smith : Chef d’état-major d’Eisenhower, signataire de la reddition pour les Alliés occidentaux.

  • Ivan Sousloparov : Général soviétique, signataire à Reims sans accord préalable du Kremlin, ce qui provoque la colère de Staline.

  • François Sevez : Général français, chef d’état-major adjoint du général Juin, présent comme témoin à la signature de Reims.

  • Edward Kennedy : Journaliste américain de l’Associated Press qui brisa l’embargo en publiant l’annonce de la reddition le 7 mai, avant l’annonce officielle.

  • Karl Dönitz : Amiral allemand successeur de Hitler, à l’origine de la démarche de capitulation auprès des Alliés occidentaux.

  • Dwight D. Eisenhower : Général américain commandant suprême des forces alliées en Europe, responsable de l’organisation de la capitulation.

  • Wilhelm Keitel : Maréchal allemand, signataire de la seconde capitulation à Berlin le 8 mai 1945.

  • Gueorgui Joukov : Maréchal soviétique qui préside la seconde cérémonie de reddition à Berlin.

  • Jean de Lattre de Tassigny : Général français représentant officiellement la France lors de la cérémonie de Berlin.

  • Embargo journalistique : Interdiction temporaire faite aux journalistes de publier une information avant une date donnée, pour permettre une annonce officielle coordonnée.

  • Musée de la Reddition : Musée ouvert en 1985 à Reims, dans le lycée Roosevelt, conservant la salle intacte de la signature du 7 mai 1945.

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POUR SE REPÉRER

 


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