Royat : deux mille ans de thermalisme entre volcans et grande histoire

1 Pl. Allard Royat

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Au pied de la chaîne des Puys, Royat abrite l’un des plus anciens établissements thermaux de France. Des bains romains à la Belle Époque, cette station auvergnate a vu défiler empereurs, écrivains et curistes venus du monde entier, séduits par les vertus uniques de ses eaux gazeuses.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Des Romains aux élégantes : un site thermal chargé d’histoire

A Favourite Custom (1909), by Lawrence Alma-Tadema, Tate Gallery, London

 A Favourite Custom, scène de bain romaine par Lawrence Alma-Tadema, 1909. 

C’est au Ier siècle de notre ère que débute la grande histoire des thermes de Royat. Les Romains, déjà grands amateurs de thermalisme, y aménagent un vaste quartier thermal dans la vallée de la Tiretaine, au pied du puy Chateix, sur une ancienne coulée de lave. On y trouve des équipements typiques : piscines alignées, salles chauffées par hypocauste, bassins de formes variées, entourés de murs en marbre, mosaïques et décors sculptés. Ces aménagements intègrent Royat dans le réseau des stations thermales de l’Empire romain. La station antique, partiellement mise au jour, reste visible à travers des vestiges significatifs.

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 Vue après les fouilles des vestiges antiques des thermes romains de Royat. 

Avec la chute de Rome, le recul de l’hygiène publique et les injonctions morales chrétiennes sur le corps, l’usage des bains thermaux décline en Europe. À Royat, quelques bains subsistent au sein du monastère Saint-Mart, fondé au VIe siècle, réservés aux moines. Il faut attendre le XIXe siècle pour voir renaître la station. En 1822, la source César est identifiée comme la première exploitée au XIXe siècle. Puis, en 1844, l’abbé Védrine découvre la Grande Source, caractérisée par sa forte minéralisation et sa température élevée (34,5°C). L’architecte Agis Ledru est alors chargé de concevoir un établissement thermal ambitieux, dont l’inauguration en 1856 marque le retour de Royat sur la scène du thermalisme européen.

Esculape et les naïades - 1

La visite impériale à Royat : le début de l’âge d’or

Empress Eugenie family portrait

 L'empereur Napoléon III avec sa femme, l’Impératrice Eugénie, et leur enfant unique. 

C’est en 1862 que Napoléon III et l’impératrice Eugénie viennent s’y faire soigner. Leur séjour provoque une véritable métamorphose : la source principale est rebaptisée source Eugénie, et Royat devient un haut lieu du thermalisme européen. Une élite d’artistes, d’écrivains et de souverains européens, de George Sand à Édouard VII d’Angleterre, y séjourne. Royat incarne alors le raffinement et la sociabilité de la Belle Époque.

Affiche PLM Royat 

 Affiche publicitaire de l'ancien chemin de fer PLM vantant les thermes de Royat.

Cette popularité s’accompagne d’un formidable essor architectural et technique. Louis Jarrier, architecte clermontois, restructure la buvette Eugénie en 1913 en y ajoutant une verrière raffinée, des grès flammés, des comptoirs circulaires et des ornements en opaline. Il conçoit également le pavillon Saint-Mart, surmonté d’une coupole au style orientalisant. C’est à Royat que sont mises en place, à partir des années 1920, les premières cures carbogazeuses à grande échelle en France, exploitant la richesse en gaz carbonique naturel de l’eau. Les soins s’adressent notamment aux maladies cardio-artérielles, veineuses et rhumatismales, intégrant baignoires, piscines, douches au jet et couloirs de marche.

Histoire du thermalisme en france au xixe siecle - 1

Du patrimoine thermal au tourisme de santé 

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 La source Saint-Mart à Royat, dans le Puy-de-Dôme, au début du XXème siècle.

Après l’âge d’or, la fréquentation recule lentement à partir des années 1980 en raison de l’évolution des modes de soin et du tourisme. Pourtant, environ 6 000 curistes continuent chaque année de venir profiter des bienfaits des quatre sources principales : Eugénie, la plus abondante ; Saint-Mart, riche en lithium et surnommée « fontaine des goutteux » ; César, identifiée comme la première exploitée au XIXe siècle ; et Auraline, exploitée plus récemment par forage. Ces eaux chaudes, naturellement gazeuses et riches en minéraux permettent la poursuite d’une activité thermale rigoureusement encadrée.

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Ancienne carte postale de Royat-les-Bains indiquant les endroits remarquables.

Aujourd’hui, Royat mise sur la valorisation de son patrimoine historique et naturel. Le bassin antique, ses gradins en hémicycle et ses vestiges d’hypocauste, les verrières monumentales, les pavillons classés aux Monuments Historiques et les anciens bassins romains sont accessibles au public lors d’expositions ou de visites guidées. Située aux portes du Parc naturel des volcans d’Auvergne, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, la station combine thermalisme, culture et nature. Royat reste ainsi un lieu où l’histoire, la santé et la modernité dialoguent, fidèle à son double héritage de bienfaits et de prestige.

 

Photo de couverture : Fontaine du parc thermal de Royat – source : wikipedia


Royat et ses environs - 1

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GLOSSAIRE

  • Thermalisme : Pratique médicale et hygiénique utilisant les eaux minérales naturelles pour prévenir ou soigner certaines pathologies.

  • Carbothérapie : Traitement utilisant les effets thérapeutiques du gaz carbonique naturel contenu dans les eaux thermales, notamment pour les troubles vasculaires.

  • Cure carbogazeuse : Spécialité développée à Royat à partir des années 1920, fondée sur l'utilisation d'eaux riches en CO₂. Elle est unique en France à cette échelle.

  • Hypocauste : Système de chauffage par le sol utilisé dans les bains romains, par circulation d’air chaud sous une dalle.

  • Source Eugénie : Source thermale principale de Royat, redécouverte en 1844 et rebaptisée en l’honneur de l’impératrice Eugénie. Riche en gaz et en minéraux, c’est la plus utilisée.

  • Source César : Première source exploitée au XIXe siècle. Elle a marqué la reprise du thermalisme moderne à Royat.

  • Source Saint-Mart : Source riche en lithium, surnommée « fontaine des goutteux » pour ses bienfaits sur les douleurs articulaires et circulatoires.

  • Source Auraline : Source captée plus récemment, utilisée pour les douches au jet, présentant une composition proche de celle d’Eugénie.

  • Buvette thermale : Pavillon où les curistes peuvent consommer les eaux thermales à des fins thérapeutiques. Celle d’Eugénie est un monument orné de verrières et de grès flammés.

  • Pavillon Saint-Mart : Édifice thermal construit au début du XXe siècle dans un style inspiré de l’architecture orientale, avec coupole et balustrade en terre cuite.

  • Agis Ledru : Architecte du XIXe siècle qui conçoit l’établissement thermal monumental de Royat en 1856 dans un style néo-antique.

  • Louis Jarrier : Architecte du début du XXe siècle à l’origine de l’agrandissement de la buvette Eugénie et du pavillon Saint-Mart.

  • Belle Époque : Période de prospérité en France (1871-1914) marquée par le développement culturel, scientifique et mondain, notamment autour des stations thermales.

  • Napoléon III : Empereur des Français (1852-1870) dont la visite à Royat en 1862 contribue à la renommée internationale de la station.

  • Impératrice Eugénie : Épouse de Napoléon III, grande promotrice des soins thermaux, associée à la source qui porte son nom.

  • Chaîne des Puys : Ensemble volcanique d’Auvergne, classé à l’UNESCO, dont la géologie explique la présence d’eaux chaudes et minéralisées à Royat.

 


POUR SE REPÉRER

 


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