Oradour-sur-Glane : la mémoire d’un massacre nazi

La Cité Martyre Oradour-sur-Glane Haute-Vienne

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Le 10 juin 1944, alors que la France est encore sous le choc du Débarquement, 643 civils sont massacrés par des soldats SS à Oradour-sur-Glane. Hommes, femmes, enfants : en quelques heures, la vie d’un village est anéantie. Aujourd’hui encore, ses ruines figées témoignent de l’inhumanité à visage militaire.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Une violence programmée : la terreur SS en Limousin

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 Après la libération du Limousin par les forces françaises de l'intérieur en août 1944, des soldats américains pénètrent dans le village martyr d'Oradour-sur-Glane et constatent l'ampleur du massacre.   

Au printemps 1944, alors que les forces alliées s'apprêtent à débarquer en Normandie, les combats s'intensifient dans le sud-ouest de la France. L'activité de la Résistance française s'accroît dans les maquis, perturbant les lignes de communication allemandes. Pour réagir à cette insurrection, le haut commandement nazi déploie la division Waffen-SS Das Reich, fraîchement reconstituée après de lourdes pertes sur le front de l'Est. Cette division, aguerrie et brutale, s'est illustrée dans les exécutions de masse contre les civils en Union soviétique. Sa mission : rétablir l'ordre par la terreur.

Lammerding

Heinz Lammerding, nazi et criminel de guerre, dans les années 60.

Le général Heinz Lammerding, commandant en chef de la division, conçoit une stratégie de répression exemplaire. Le 8 juin, il propose de frapper les "bandes" par des représailles ciblées contre les populations civiles. Le 9 juin, à Tulle, 99 otages sont pendus et des centaines d'autres déportés. La division progresse ensuite vers le Limousin, atteignant Limoges et Saint-Junien. C'est dans cette logique d'intimidation qu'Oradour-sur-Glane est choisie, sans que le village n'ait été impliqué dans des actions résistantes. Oradour est alors désigné comme cible : son sort est scellé avant même que les troupes ne s'y rendent.

Oradour 1944 - 1

Le 10 juin 1944 : un crime de masse planifié et exécuté

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642 villageois, hommes femmes et enfants, furent assassinés et brulés par les soldats nazis membres de la Panzerdivision Das Reich de la Waffen-SS.

Dans l'après-midi du 10 juin, environ 200 soldats SS de la 3e compagnie du régiment Der Führer, commandés par le capitaine Adolf Diekmann, pénètrent dans le village. Oradour-sur-Glane, petit bourg de Haute-Vienne peuplé de familles rurales, de commerçants et de réfugiés, est alors en pleine activité. Les soldats encerclent le village avec précision. Les habitants, y compris les enfants à la sortie de l'école, sont regroupés sur le champ de foire. Ceux qui tentent de fuir sont abattus sur place.

Adolf Diekmann

Le criminel nazi Adolf  Dieckman.

Les hommes sont conduits vers plusieurs lieux du village, comme des granges, des garages, des caves. Ces emplacements ont été préalablement repérés. À une heure donnée, les SS ouvrent le feu simultanément. Les corps sont ensuite arrosés de carburant et incendiés. Dans le même temps, les femmes et enfants sont enfermés dans l'église. Une charge explosive est détonée à l'entrée, provoquant un incendie. Les soldats tirent à la mitrailleuse sur les victimes qui tentent de fuir les flammes. Presque personne n'en sort vivant, à l'exception de quelques rescapés miraculeux, comme Jean-Marcel Darthout, qui parviennent à se cacher ou à s'échapper.

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1945, l'église incendiée d'Oardour sur Glane où furent enfermés les femmes et les enfants du village. 

En début de soirée, la mission est considérée comme accomplie. Le village est incendié, pillé, et les corps sont brûlés afin d'effacer toute trace et d'empêcher leur identification. Le lendemain, des SS reviennent pour brûler les cadavres encore visibles et jeter les restes dans une fosse commune, niant toute possibilité de deuil aux familles. Le bilan est effroyable : 643 morts, dont 205 enfants.

Oradour-sur-Glane, 10 juin 1944 - 1

Une mémoire en ruines : le poids d’Oradour dans l’histoire française

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 1962 : Le général de Gaulle visite Oradour-sur-Glane.

Dans les jours qui suivent, la nouvelle du massacre bouleverse la France. Charles de Gaulle décide de conserver les ruines d'Oradour "en l'état", comme un témoin silencieux de la barbarie. Le village devient un lieu de mémoire national, figé dans le temps. Aucune reconstruction ne s'y fait : à quelques centaines de mètres, un nouveau bourg est bâti, tandis que les vestiges calcinés de l'ancien village sont laissés intacts.

Oradour Rue2 

Pendant des décennies, les survivants, comme Robert Hébras, s'engagent pour transmettre la mémoire de ce drame. L'absence de justice pour la plupart des coupables, notamment le général Lammerding jamais extradé d'Allemagne, laisse un sentiment d'inachèvement. Ce n'est qu'en 1983 qu'un officier, Heinz Barth, est condamné à perpétuité en RDA. En 1999, le Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane est inauguré, adossé aux ruines, pour accueillir les visiteurs, les témoignages et les archives. En 2013, le président allemand Joachim Gauck s'y recueille pour la première fois, soulignant le caractère universel de ce crime.

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Aujourd'hui, Oradour-sur-Glane reste l'un des symboles les plus puissants de la Seconde Guerre mondiale en France. Lieu d'histoire et de méditation, il rappelle que la barbarie peut surgir au cœur d'un paisible village, en plein jour, sans signe avant-coureur, et que la mémoire, transmise par les survivants, reste le meilleur rempart contre l'oubli.

 


Le dernier témoin d'Oradour-sur-Glane - 1

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GLOSSAIRE

  • Waffen-SS : branche militaire de la SS nazie, connue pour sa brutalité, ayant participé à de nombreux crimes de guerre, dont le massacre d’Oradour-sur-Glane.

  • Division Das Reich : division blindée d'élite de la Waffen-SS, responsable de nombreuses exactions sur le front de l'Est et en France, notamment à Tulle et Oradour en juin 1944.

  • Général Heinz Lammerding : officier supérieur allemand, commandant la division Das Reich au moment du massacre. Il a ordonné des représailles sanglantes contre les civils.

  • Répression exemplaire : stratégie nazie visant à dissuader la Résistance par des punitions collectives et violentes contre des populations civiles.

  • Résistance française : ensemble des mouvements clandestins luttant contre l’occupant nazi, particulièrement actifs dans le Limousin à l'approche du Débarquement.

  • Tulle : ville du sud-ouest de la France où la division Das Reich pendit 99 otages le 9 juin 1944, veille du massacre d’Oradour.

  • Maquis : groupes de résistants installés dans des zones rurales ou montagneuses, menant des actions de sabotage et de guérilla contre les forces d’occupation.

  • Adolf Diekmann : capitaine SS ayant dirigé l’opération à Oradour-sur-Glane, commandant de la 3e compagnie du régiment Der Führer.

  • Exécutions de masse : meurtres systématiques de civils ou de prisonniers désarmés, pratiqués notamment par les SS à l’Est et en France.

  • Champ de foire : place centrale du village d’Oradour où les habitants furent rassemblés avant leur exécution.

  • Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane : espace muséal inauguré en 1999, accolé aux ruines, consacré à la mémoire du massacre et à la transmission historique.

  • Jean-Marcel Darthout : l’un des rares survivants du massacre, témoin clé ayant permis de documenter les faits.

  • Robert Hébras : autre survivant emblématique, longtemps engagé dans le devoir de mémoire en France et à l’étranger.

  • Joachim Gauck : président fédéral allemand (2012–2017), premier chef d'État allemand à se recueillir à Oradour-sur-Glane, en 2013.

  • Lieu de mémoire : espace symbolique où se conserve et s’honore la mémoire d’un événement tragique ou fondateur de l’histoire collective.

Oradour sur Glane, 10 juin 1944 - 1


POUR SE REPÉRER

 


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