La place de la Bourse : au coeur de l'histoire de Bordeaux

Pl. de la Bourse Bordeaux Gironde

Construite au XVIIIe siècle sous l’impulsion de Louis XV, la place de la Bourse incarne l’ouverture de Bordeaux sur la Garonne et sur le monde. Pensée comme un symbole de puissance et de beauté, elle traverse les siècles entre grandeur monarchique, transformations révolutionnaires et renouveau contemporain, jusqu’à devenir un lieu emblématique du patrimoine bordelais, sublimé aujourd’hui par le célèbre miroir d’eau.

L'HISTOIRE EN BREF

La place de la Bourse : origines d’un symbole royal

Vue en perspective de la place royale de Bordeaux vers 1737

Au début du XVIIIe siècle, Bordeaux est en pleine effervescence. Grâce au commerce maritime et à son port ouvert sur l’Atlantique, la ville connaît un essor économique considérable. L’intendant Claude Boucher, au service de Louis XV, conçoit une ambitieuse transformation urbaine : faire tomber les remparts médiévaux qui enserrent encore la ville pour ouvrir un vaste front urbain sur la Garonne, symbole d’ouverture et de puissance. Il s’agit non seulement de fluidifier le commerce fluvial, mais aussi de magnifier l’entrée dans Bordeaux pour ceux qui arrivent par bateau, en leur offrant une perspective digne de la grandeur royale.

Jacques Gabriel premier architecte du roi

De cette vision naît la place Royale, futur joyau urbain rebaptisé place de la Bourse au XIXe siècle. Le chantier est confié en 1728 à Jacques Gabriel, premier architecte du roi. Inspirée des grandes places parisiennes comme la place Vendôme, la place est pensée comme une œuvre de prestige. Elle s’organise autour d’un espace central ouvert sur le fleuve, encadré de deux pavillons symétriques en pierre blonde : au nord, le Palais de la Bourse, destiné à la chambre de commerce ; au sud, l’Hôtel des Fermes, conçu pour abriter la Ferme Générale, compagnie chargée de percevoir les taxes douanières sous l’Ancien Régime. Les façades, à la fois majestueuses et théâtrales, sont ponctuées de mascarons sculptés, visages grotesques ou fantaisistes témoins du style baroque bordelais. Après la mort de Jacques Gabriel, c’est son fils Ange-Jacques Gabriel qui reprend le chantier et mène à bien l’ensemble monumental, y ajoutant une terrasse sur pilotis de 150 mètres de long entre la place et la Garonne : une prouesse technique et scénique.

Une place royale métamorphosée

Statue équestre du roi Louis XV se tenant initialement au centre de la place Royale à Bordeaux vers 1743

En 1743, une statue équestre de Louis XV est installée au centre de la place, point d’orgue de la mise en scène monarchique. Symbole éclatant de la monarchie triomphante, elle sera pourtant brisée en 1792, à l’heure où la Révolution renverse les emblèmes du pouvoir royal. La place est rebaptisée successivement place de la Liberté, puis place Impériale sous Napoléon, avant de devenir définitivement place de la Bourse. Ce changement de nom reflète l’évolution politique, mais aussi la continuité de sa vocation commerciale.

La fontaine des Trois Grâces sur la place de la Bourse à Bordeaux

C’est en 1869 qu’un nouveau symbole prend place au cœur de la place : la Fontaine des Trois Grâces, œuvre du sculpteur Charles Gumery. Représentant Aglaé, Euphrosyne et Thalie — déesses de la mythologie grecque — la fontaine incarne les valeurs de joie, de beauté et d’abondance. Elle s’intègre harmonieusement à l’ensemble classique de la place, redonnant un centre vivant à cet espace monumental. Pourtant, au XXe siècle, la place subit une lente dégradation de son usage : transformée en parking, elle perd son caractère monumental. Seuls les bâtiments rappellent alors sa grandeur passée : le Palais de la Bourse continue d’accueillir la Chambre de commerce, tandis que l’Hôtel des Douanes est reconverti en Musée national des Douanes en 1984, perpétuant la mémoire commerciale du lieu.

Le miroir d’eau, reflet de l'histoire de Bordeaux

Le Miroir d'eau place de la bourse à Bordeaux.

Mais au début du XXIe siècle, tout bascule. Grâce à un ambitieux réaménagement des quais, la ville de Bordeaux retrouve le souffle des Lumières. C’est dans ce contexte qu’est inauguré en 2006 le Miroir d’eau, œuvre du fontainier Jean-Max Llorca et du paysagiste Michel Corajoud. Installé au-dessus d’un parking souterrain réhabilité, ce dispositif contemporain transforme radicalement l’esplanade : un bassin en granit noir de 3 450 m² surmonté d’un voile d’eau de 2 cm, ponctué de cycles de brume.

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Scène de rue prise place de la Bourse à Bordeaux

Le miroir offre un reflet inversé suspendu entre ciel et pierre, entre mémoire et modernité. Il devient rapidement un symbole de la ville, lieu de flânerie, de jeux d’enfants, de prises de vues touristiques (certains viennent même en robe de mariée y capturer leur reflet), et d’émerveillement collectif. En été, la brume fraîche s’élève à intervalles réguliers, créant un paysage presque onirique. Ce geste urbain redonne toute sa puissance à l’ensemble architectural du XVIIIe siècle et replace la place au cœur de la vie bordelaise.

Quais de Bordeaux au bord de la Garonne et place de la Bourse

Aujourd’hui, la place de la Bourse est l’un des sites les plus visités de Bordeaux, inscrite dans le périmètre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle accueille touristes, habitants, événements publics et manifestations, mêlant avec brio mémoire historique, esthétique classique et vitalité contemporaine — un théâtre de pierre et d’eau où Bordeaux célèbre son passé en marchant vers l’avenir.

Photo de couverture : Photo de nuit de la Place de la Bourse à Bordeaux. Source : wikipedia

Note aux lecteurs

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GLOSSAIRE

Place Royale : Nom initial de la place de la Bourse, en l’honneur de Louis XV, avant la Révolution française.
Claude Boucher : Intendant de Bordeaux au XVIIIe siècle, à l’origine du projet d’ouverture de la ville sur la Garonne.
Jacques Gabriel : Premier architecte du roi Louis XV, auteur des plans initiaux de la place de la Bourse.
Ange-Jacques Gabriel : Fils de Jacques Gabriel, il poursuit et termine la construction de la place, y ajoutant la terrasse fluviale.
Ferme Générale : Compagnie privée chargée de collecter les impôts et taxes pour le roi sous l’Ancien Régime.
Mascarons : Sculptures décoratives en forme de visages ou figures mythologiques sur les façades classiques bordelaises.
Fontaine des Trois Grâces : Sculpture centrale de la place représentant trois divinités grecques, installée en 1869.
Charles Gumery : Sculpteur français du XIXe siècle, auteur de la Fontaine des Trois Grâces.
Jean-Max Llorca : Fontainier contemporain, concepteur technique du miroir d’eau.
Michel Corajoud : Paysagiste français ayant dirigé le réaménagement des quais de Bordeaux.
Miroir d’eau : Dispositif contemporain de 2006 formant un bassin réfléchissant devant la place, devenu emblème visuel de Bordeaux.
Patrimoine mondial de l’UNESCO : Label international attribué aux sites culturels d’exception, dont le centre historique de Bordeaux.

POUR SE REPÉRER

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QUESTIONS FRÉQUENTES

Pourquoi la place de la Bourse de Bordeaux s’appelait-elle autrefois place Royale ?
Parce qu’elle a été construite sous le règne de Louis XV pour glorifier le pouvoir royal. Une statue du roi y trônait jusqu’à la Révolution.

Qui a conçu la place de la Bourse à Bordeaux ?
Les architectes Jacques Gabriel et son fils Ange-Jacques Gabriel ont dessiné et dirigé la construction de la place au XVIIIe siècle.

Qu’est-ce que la Ferme Générale ?
Il s’agissait d’une institution fiscale de l’Ancien Régime chargée de collecter les impôts indirects. Son siège bordelais était situé dans l’actuel Hôtel des Douanes.

Quand a été créé le miroir d’eau ?
Le miroir d’eau a été inauguré en 2006, à la suite du réaménagement des quais de Bordeaux. Il est devenu en quelques années une attraction incontournable.

Que représente la Fontaine des Trois Grâces ?
Elle incarne Aglaé, Euphrosyne et Thalie, trois divinités grecques symbolisant la beauté, la joie et l’abondance.