Le Festival d'Avignon est aujourd'hui l'un des événements théâtraux les plus prestigieux et influents au monde. Mais sa création en 1947 était une révolution culturelle orchestrée par un homme visionnaire, Jean Vilar. Cet article explore comment Vilar a fondé le festival, sa philosophie du théâtre populaire, et comment son héritage continue de résonner dans le monde théâtral actuel.
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Jean Vilar et la Fondation du Festival
L'espace de la culture dans une France en reconstruction
Jean Vilar
Après la Seconde Guerre mondiale, la France était en pleine reconstruction, non seulement sur le plan matériel, mais aussi culturel. Le théâtre, comme beaucoup d'autres formes d'art, devait se réinventer. La centralisation des arts à Paris laissait une grande partie du pays en marge des grandes innovations artistiques. C’est dans ce contexte de renouveau et de soif de culture que Jean Vilar, un jeune acteur et metteur en scène, commença à imaginer un théâtre accessible à tous, loin des élites parisiennes.
L'idée de Vilar était révolutionnaire pour l'époque. Il voulait créer un théâtre populaire, non pas dans le sens de vulgaire ou simpliste, mais un théâtre pour le peuple, accessible à tous, sans distinction de classe ou de niveau d'éducation. Il souhaitait que le théâtre redevienne ce qu'il était à ses origines : un lieu de rassemblement, d'échange et de réflexion pour tous les citoyens. C'est cette vision qui allait bientôt prendre forme à Avignon.
La Fondation du Festival d'Avignon : Un Pari Audacieux
Jean Vilar metteur en scène
En 1947, Vilar fut invité à présenter une pièce dans le cadre d'une exposition de peinture et de sculpture contemporaines organisée au Palais des Papes d'Avignon par Christian Zervos et René Char. Bien qu'initialement réticent, Vilar proposa finalement un programme ambitieux de trois pièces : "Richard II" de Shakespeare, "Tobie et Sara" de Paul Claudel, et "La Terrasse de midi" de Maurice Clavel. Ces choix audacieux montraient déjà sa volonté de mêler classiques et créations contemporaines.
Le premier festival, tenu en septembre 1947, fut un succès immédiat. La Cour d'honneur du Palais des Papes, bien que perçue par Vilar comme un lieu vaste et informe, devint rapidement un espace mythique pour le théâtre. Le public, composé de jeunes, de passionnés et de curieux, afflua de toute la France. Ce premier succès posa les bases d'un festival qui allait devenir un rendez-vous annuel incontournable pour les amateurs de théâtre du monde entier.
La Philosophie du Théâtre Populaire de Jean Vilar
La Vision de Vilar : Un Théâtre pour Tous
Jean Vilar voulait un théâtre qui transcende les barrières sociales et culturelles. Sa vision était celle d'un théâtre inclusif, où chaque individu, quel que soit son origine ou son statut, pouvait accéder à la culture. Il croyait fermement que le théâtre pouvait éduquer, émanciper et enrichir la vie des gens. Pour Vilar, le théâtre devait être un lieu de réflexion et de dialogue, où les grands textes classiques côtoyaient les œuvres contemporaines pour offrir une vision globale et diversifiée de l'art dramatique.
Vilar voyait le théâtre comme un service public, une mission d’intérêt général. Il souhaitait "redonner au théâtre, à l’art collectif, un lieu autre que le huis clos ; faire respirer un art qui s’étiole dans des antichambres, dans des caves, dans des salons ; réconcilier enfin, architecture et poésie dramatique." Cette philosophie révolutionnaire changea la perception du théâtre en France, le rendant plus accessible et attrayant pour une nouvelle génération de spectateurs.