Le Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer, forteresse de la Poche de Saint-Nazaire

12 Rte du Dervin Batz-sur-Mer

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EN RÉSUMÉ

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Dressé face à l’océan, le Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer surveillait l’estuaire de la Loire, verrou stratégique du Mur de l’Atlantique. Transformé en musée, il raconte aujourd’hui la vie d’un poste de commandement allemand, entre guerre, ruse et mémoire.

En 1942, après le raid britannique sur Saint-Nazaire — l’opération Chariot — l’Allemagne comprend qu’aucun port français n’est à l’abri. La côte atlantique se hérisse de béton. À Batz-sur-Mer, les ingénieurs de l’Organisation Todt élèvent un poste directeur de tir, modèle S 414, pour défendre l’estuaire de la Loire. Dix-sept mètres de hauteur, 1 800 m² de béton, 125 tonnes de ferraillage, vingt hommes pour le faire vivre. Un monstre technique, mais surtout un symbole : celui d’un Reich qui bétonne sa peur. Pour tromper les avions alliés, les Allemands déguisent l’ouvrage en villa balnéaire, peignant trente et une fenêtres en trompe-l’œil sur ses murs de béton.

Grand blockhaus - musée de la poche de Saint-Nazaire, Batz-sur-Mer-4887

Vue depuis l’observatoire du Grand Blockhaus de Batz-sur-Mer, d’où les soldats surveillaient l’estuaire de la Loire. 

Depuis cet observatoire, les artilleurs corrigeaient les tirs de la batterie lourde de Kermoisan, deux vieux canons français Schneider de 240 mm montés sur rails. Des armes d’un autre âge, lentes et imprécises. L’artillerie tonnait dans le vide : la mer restait muette. Après le débarquement de Normandie, la région devient la Poche de Saint-Nazaire, où les troupes allemandes s’enferment dans une résistance désespérée. Le dernier obus est tiré le 6 mai 1945. Cinq jours plus tard, la reddition. Le blockhaus n’a pas bougé : forteresse inutile, mais intacte. La guerre s’achève, et le bunker devient tour à tour prison, abri de réfugiés, puis ruine murée, avalée par la végétation.

Cinquante ans plus tard, les frères Luc et Marc Braeuer retrouvent ce colosse oublié. Trois années de travail transforment la carcasse en un musée de la Poche de Saint-Nazaire, ouvert en 1997. Sur 285 m², douze scènes font revivre la routine des soldats du Mur de l’Atlantique : la chambrée, la salle radio, le télémètre, la peur silencieuse. À l’extérieur, un canon de 240 mm rappelle l’illusion de puissance qui habitait ces murs. Ici, tout parle de guerre, mais surtout de solitude : celle d’hommes enfermés dans le béton, croyant défendre l’Europe, et qui n’en protégeaient que l’ombre.

Crédit photo / Source : wikipedia © Raimond Spekking / CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons)


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