La bataille de la Somme, la plus violente de l'histoire

8 Rue de l'Ancre Thiepval

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Au cœur de la Première Guerre mondiale, la bataille de la Somme dévoile un tableau dramatique et désolant, témoin des ravages d'un conflit qui consume l'humanité. Conçue en décembre 1915 par Joffre, commandant en chef des armées françaises, l'offensive de la Somme doit être amendée en raison de la bataille de Verdun. Les forces françaises épuisées, les Britanniques héritent de la lourde tâche de mener cette première offensive conjointe franco-britannique.

"Nous avons perdu 600 000 hommes pour gagner 45 villages ,8 bois, 6 miles.pour l'arithmétique militaire ce fut une grande victoire" Un combattant Anglais

La bataille de la Somme, en résumé

[caption id="attachment_15476" align="aligncenter" width="610"] Troupes du 2nd Battalion (Gordon Highlanders, 20th Brigade, British 7th Division) traversant le « no man's land », près de Mametz le 1er juillet 1916 pendant la bataille de la Somme.[/caption]

Une tentative de percée entre Albert et Bapaume

Le théâtre de cette bataille tragique s'étend sur une ligne nord-sud de 45 km, proche de la Somme, dans un triangle entre les villes d'Albert, Péronne et Bapaume. Les forces britanniques et françaises, unies dans l'effort de guerre, tentent de percer les lignes allemandes fortifiées, au prix d'un sacrifice immense.

Un bilan meurtrier et des souffrances indicibles

[caption id="attachment_15471" align="aligncenter" width="1000"] En septembre 1916, le Bois Delville, les restes de la tranchée allemande pendant la bataille de la Somme.[/caption]

Les combats, d'une intensité inouïe, laissent dans leur sillage des champs de ruines et de désolation. Parmi les belligérants, environ 1 060 000 victimes sont dénombrées, dont environ 443 000 morts ou disparus. Le 1er juillet 1916, première journée de la bataille, est marqué d'une encre noire pour l'armée britannique, avec 58 000 soldats mis hors de combat, dont 19 240 morts.

Un résultat militaire peu convaincant

Malgré l'ampleur des sacrifices consentis, la bataille de la Somme s'achève sur un bilan militaire peu convaincant. Les gains de territoires des Alliés sont très modestes, et le front ne fut pas percé. Les combats usèrent les adversaires, laissant derrière eux ni vainqueurs ni vaincus.

Innovations et mémoire collective

La bataille de la Somme se singularise par l'utilisation du char d'assaut pour la première fois sur un champ de bataille et par l'utilisation du cinéma à des fins de propagande. Les photographes et peintres, comme François Flameng, immortalisent ces événements tragiques, gravant dans la mémoire collective les stigmates de cette guerre. Le 1er juillet est ainsi une journée de commémoration pour les Britanniques, les Canadiens, les Sud-Africains, et surtout les Australiens et les Néo-Zélandais, qui considèrent cette bataille comme un des événements fondateurs de leurs jeunes nations.

La bataille de la Somme, contexte historique et préparatifs

[caption id="attachment_15466" align="aligncenter" width="1203"] Le front de la bataille de la Somme du 1er juillet au 18 novembre 1916[/caption]

Le front occidental stabilisé et la coopération franco-britannique

Depuis décembre 1914, le front occidental est stabilisé à la suite de la course à la mer. Joffre, soucieux de l'unité des Alliés et de la dispersion des efforts militaires, souhaite renforcer la coopération franco-britannique et préconise une grande offensive pour 1916. Côté britannique, Douglas Haig remplace John French en décembre 1915 en tant que général en chef.

Une opération franco-britannique planifiée

[caption id="attachment_15470" align="aligncenter" width="893"] Douglas Haig et Joseph Joffre devant la résidence du commandant en chef français à Chantilly en décembre 1915.[/caption]

La conférence interalliée de l'Entente à Chantilly en décembre 1915 décide d'attaquer les Empires centraux sur tous les fronts en 1916. Cependant, aucune date n'est fixée. Joffre, nommé commandant en chef de l'armée française, obtient lors de négociations bilatérales la mise en œuvre d'une offensive conjointe franco-britannique sur la Somme. Foch est désigné responsable de l'opération, mais le commandement n'est pas unifié en raison de l'indépendance du corps expéditionnaire anglais.

Les plans initiaux contrariés par l'offensive allemande sur Verdun

Lorsque l'armée allemande lance son offensive sur Verdun en février 1916, les plans de la bataille de la Somme sont contrariés. Joffre presse Haig de mettre en place l'offensive sur la Somme le plus tôt possible, tandis que l'engagement français à Verdun réduit les troupes prévues pour l'offensive de la Somme. Finalement, la date du 24 juin est adoptée pour le début de la préparation d'artillerie et le 1er juillet pour l'assaut.

Un terrain propice à la défense en profondeur pour les Allemands

Côté allemand, Falkenhayn n'anticipe pas l'offensive alliée sur la Somme, estimant que les préparatifs ne sont qu'une diversion. Le terrain crayeux du plateau picard est propice au creusement de tranchées et permet une défense en profondeur pour les troupes de von Below.

L'ordre de bataille et les forces en présence

Les Alliés

[caption id="attachment_15468" align="aligncenter" width="418"] Canon de 75mm de la 6eme armée française pendant la première guerre mondiale.[/caption]

Les Français, sous le commandement du Groupe d'Armées du Nord dirigé par Foch, alignaient la 6e armée de Fayolle et la 10e armée de Micheler, totalisant 14 divisions en ligne, quatre de réserve et quatre de cavalerie. L'artillerie française était impressionnante, avec 696 pièces de campagne, 732 pièces lourdes, 122 pièces ALGP et 1 100 mortiers de tranchée. Les Britanniques, sous le commandement du groupe d'armées Haig, alignaient 26 divisions en ligne et trois de cavalerie. Leurs forces étaient composées de troupes anglaises, écossaises, galloises, irlandaises, canadiennes, australiennes, néo-zélandaises et sud-africaines, appuyées par des travailleurs chinois.

Les Allemands

[caption id="attachment_15469" align="aligncenter" width="800"] Un jeune soldat allemand vient en renfort pour participer à la bataille de la Somme.[/caption]

La IIe armée allemande, commandée par Fritz von Below, alignait huit divisions en ligne et treize de réserve, avec 454 canons de campagne et 390 pièces d'artillerie lourde. Malgré leur infériorité numérique, les Allemands étaient soutenus par 129 avions, faisant face aux 300 appareils alliés.

La préparation d'artillerie et la supériorité aérienne

[caption id="attachment_15463" align="aligncenter" width="900"] L'artillerie Anglaise en action pendant la bataille de la Somme.[/caption]

Les Alliés déployèrent une puissance de feu sans précédent lors de la préparation d'artillerie, utilisant même des canons à longue portée de 380 et 400 mm. Bien que les tranchées allemandes aient été presque totalement détruites, les abris souterrains restaient intacts. Les aviateurs alliés, quant à eux, réussirent à maintenir la supériorité aérienne tout au long de la bataille, inquiétant le haut-commandement allemand et provoquant une réorganisation complète de la Luftstreitkräfte.

L'aviation et les pilotes alliés

[caption id="attachment_15467" align="aligncenter" width="1428"] Retour d'un vol de nuit sur avions "Voisin" de bombardement, 1918, Huile sur toile de François Flameng[/caption]

Les escadrons du Royal Flying Corps étaient équipés de BE.2c, qui s'étaient avérés vulnérables face aux Eindeckers allemands. Cependant, grâce à l'esprit offensif des pilotes alliés, ils parvinrent à dominer le ciel. Les pilotes français, sous le commandement du capitaine Brocard, volaient à bord de SPAD S.VII, Farman MF.11, Caudron G.4, Voisin III et Breguet 14. L'aviation française domina également l'aviation allemande grâce à l'introduction du bombardement de nuit.

La lutte pour la supériorité aérienne

La supériorité aérienne alliée fut maintenue durant la bataille, ce qui inquiéta le haut-commandement allemand. Face à cette situation, les Allemands décidèrent de créer des unités de chasse spécialisées, les Jagdstaffeln. À la fin de l'année 1916, équipées du tout nouveau Albatros D.III, ces unités rétablirent l'équilibre des forces dans les airs.

La Bataille de la Somme, la guerre d'usure

Le 1er juillet 1916 : L'échec britannique

[caption id="attachment_15462" align="aligncenter" width="800"] Soldats Anglais en marche vers un funeste destin, au premier jour de la bataille de la Somme.[/caption]

Sous un ciel clair et lumineux, le 1er juillet 1916, le bombardement final des Alliés commence à 6 h 25, avec une cadence effarante de 3 500 coups par minute. Les explosions sont si intenses qu'elles sont entendues jusqu'en Angleterre. Le matin même, l'infanterie britannique, chargée de plus de 30 kg d'équipement, sort des tranchées, baïonnette au canon, avançant au pas comme ordonné par le commandement anglais.

Les Allemands les accueillent avec des tirs de mitrailleuses, fauchant en masse ces hommes courageux. Les officiers, facilement repérables, sont particulièrement ciblés. On estime à 30 000 le nombre de victimes, tués et blessés, dans les six premières minutes de la bataille. À midi, le commandement britannique annule l'ordre de marcher au pas et retient les vagues d'assaut suivantes.

La lente progression et les combats acharnés

Après l'échec du 1er juillet, les Britanniques progressent lentement, prenant La Boisselle le 4 juillet, le bois de Mametz le 10 juillet, et le Bois des Trônes le 14. Les Français, quant à eux, atteignent tous leurs objectifs, mais ne peuvent progresser davantage en raison de l'échec britannique. Les combats pour la conquête du bois Delville débutent le 14 juillet, avec une série d'attaques et de contre-attaques faisant passer le bois d'un camp à l'autre.

Les succès français et les pertes allemandes

En dix jours, la 6e armée française progresse sur une profondeur atteignant dix kilomètres en certains points, faisant 12 000 prisonniers et capturant un matériel considérable. C'est le plus important succès militaire obtenu depuis la bataille de la Marne. Cependant, les Allemands se ressaisissent, leur artillerie domine toujours sur le terrain, et les conditions climatiques exécrables gênent considérablement la progression des Français.

Le transfert des divisions allemandes et l'horreur vécue

Face au danger de percement du front de la Somme, l'état-major allemand retire treize divisions du secteur de Verdun et deux du secteur d'Ypres pour renforcer leurs troupes bousculées. L'horreur vécue lors de la bataille de la Somme est perceptible dans le courrier envoyé par les soldats à leurs proches, témoignant de l'enfer qu'ils ont traversé.

Reprise des offensives et combats incessants

Malgré la pluie incessante qui transforme le champ de bataille en bourbier, les offensives reprennent entre septembre et novembre 1916. Les combats acharnés s'enchaînent, et les positions allemandes sont lentement grignotées. Les Britanniques prennent Ginchy le 9 septembre, tandis que les Français enlèvent plusieurs positions allemandes entre Deniécourt et Vermandovillers le 4 septembre, prenant 2 700 prisonniers. Chaulnes est désormais directement menacée.

Les luttes pour les tranchées

Le 12 septembre, la 6e armée française attaque au nord de la Somme, mais ne parvient pas à atteindre ses objectifs. En raison du mauvais temps, Foch suspend l'offensive jusqu'au 25 septembre. Au sud de la Somme, Vermandovillers, Deniécourt et Berny-en-Santerre tombent aux mains de la 10e armée française le 17 septembre, faisant 1 400 prisonniers.

La fin de la bataille et le lourd tribut

[caption id="attachment_15464" align="aligncenter" width="800"] La bataille de la Somme, soldats britannique dans les tranchées le 1er juillet 1916.[/caption]

La Bataille de la Somme se termine finalement en novembre 1916, laissant derrière elle un lourd tribut humain et matériel. Les combats acharnés et les conditions de vie épouvantables ont profondément marqué les soldats et les civils, et continuent de hanter les mémoires. Les pertes humaines dépassent l'entendement : des dizaines de milliers de soldats sont morts, blessés ou disparus. Le terrain est dévasté, les villages anéantis, et l'horreur des tranchées reste gravée dans les esprits.

L'apparition d'une arme révolutionnaire : les chars d'assaut

[caption id="attachment_15461" align="aligncenter" width="1526"] Char britannique Mark I utilisé pour la première fois pendant la bataille de la Somme.[/caption]

Les premiers pas des chars Mark I

Le 15 septembre 1916 marque une date mémorable dans l'histoire militaire, car ce jour-là, les premiers chars d'assaut britanniques, les tanks Mark I, font leur apparition sur le champ de bataille. Ces monstres d'acier, longs de 8 mètres, pesant 30 tonnes et équipés de 5 mitrailleuses, permettent aux forces alliées de prendre plusieurs positions clés, telles que Courcelette, Martinpuich, le bois des Fourcaux, Flers et la position appelée Switch Line.

La bataille de la Somme première offensive franco-anglaise

Des succès temporaires et la lutte pour les tranchées

L'offensive conjointe des forces britanniques et françaises débute le 25 septembre. Le lendemain, elles entrent dans Combles, évacué par les Allemands. Les offensives localisées se multiplient en octobre, mais la progression des troupes alliées sur le front de la Somme est lente et difficile. Les combats acharnés et les conditions épouvantables des tranchées marquent profondément les soldats engagés dans ces luttes sanglantes.

Enlisement et fin de la bataille de la Somme

Les conditions climatiques et l'épuisement des forces

Au début de novembre, les forces françaises rencontrent une résistance allemande de plus en plus féroce, et les gains territoriaux restent modestes. Le 18 novembre, la pluie glaciale, la neige et le blizzard mettent en échec toutes les offensives, marquant la fin effective de la bataille de la Somme. Les offensives britanniques et françaises sont officiellement arrêtées respectivement le 21 novembre et le 18 décembre.

La bataille de la Somme : Un bilan dramatique

[caption id="attachment_15473" align="aligncenter" width="642"] Photo aérienne des tranchées vers Thiepval le 25 septembre 1916.[/caption]

Les gains territoriaux et les prises de guerre

En cinq mois de combats acharnés, les Alliés progressent de 12 kilomètres au nord et 8 kilomètres au sud de la Somme, sans parvenir à atteindre leurs objectifs principaux, tels que Bapaume et Péronne. Les prises de guerre sont considérables : des dizaines de milliers de prisonniers, des centaines de canons, de mortiers et de mitrailleuses sont capturés par les forces alliées.

L'ampleur des pertes humaines

Les pertes humaines sont effroyables. Les chiffres varient selon les sources, mais on estime que les forces britanniques ont perdu environ 30 % de leurs hommes, tandis que les Français en ont perdu 20 %. Les pertes allemandes sont également considérables, mais les chiffres exacts ne sont pas connus.

Un tournant dans la guerre et la ligne Hindenburg

Malgré les faibles gains territoriaux, la bataille de la Somme a un impact considérable sur le cours de la guerre. Impressionnés par le bombardement de préparation des Alliés, les Allemands décident d'adopter la guerre sous-marine à outrance, ce qui provoque l'entrée en guerre des États-Unis et un basculement du rapport de forces. Le 24 février 1917, l'armée allemande effectue une retraite stratégique, l'Opération Alberich, vers la ligne Hindenburg, en détruisant tout sur son passage.

Les lieux de mémoire de la bataille de la Somme

Le Circuit du Souvenir : un hommage aux combattants

La Bataille de la Somme, avec son million de morts, disparus ou blessés, a laissé des traces indélébiles dans le paysage et la mémoire collective. Aujourd'hui, le Circuit du Souvenir permet aux visiteurs de se recueillir et de découvrir les principaux sites des champs de bataille, rendant hommage aux nombreux soldats qui ont donné leur vie pour leur patrie.

En conclusion, la Bataille de la Somme représente un épisode tragique de la Première Guerre mondiale, où des nations entières ont été plongées dans l'horreur des tranchées et des combats sans fin. Le sacrifice de ces hommes ne doit jamais être oublié, et les lieux de mémoire qui jalonnent les champs de bataille de la Somme sont là pour rappeler aux générations futures les coûts et les conséquences de la guerre.

Le Mémorial franco-britannique de Thiepval : un hommage solennel aux disparus

[caption id="attachment_15472" align="alignnone" width="759"] Le prince de Galles et le président Lebrun, le 1er août 1932. inaugurent le mémorial de Thiepval[/caption]

Érigé sur la crête dominant le village de Thiepval et l'ancien champ de bataille, le Mémorial franco-britannique est dédié aux armées franco-britanniques et aux soldats britanniques disparus pendant la Bataille de la Somme. Inauguré le 1er août 1932 en présence du prince de Galles et du président de la République française Albert Lebrun, le mémorial porte les noms de 72 244 soldats. Au pied du monument, un cimetière franco-britannique abrite les corps de 600 combattants, témoins silencieux de l'hécatombe de la guerre.

Le Centre d'accueil et d'interprétation de Thiepval : un lieu d'éducation et de souvenir

Le Centre d'accueil et d'interprétation, construit en 2004, accueille les visiteurs qui viennent se recueillir et en apprendre davantage sur l'histoire de la Bataille de la Somme. En 2016, le "Musée 14-18, Batailles de la Somme" est aménagé, offrant un espace dédié à l'éducation et à la mémoire. Le Mémorial de Thiepval, inscrit au registre des monuments historiques depuis 2016, rappelle l'importance du devoir de mémoire et la nécessité de préserver ces lieux de recueillement pour les générations futures.