La bataille de Verdun : La guerre dans toute son horreur
1 Av. Corps Européen Fleury-devant-Douaumont
La bataille de Verdun, est l'un des épisodes les plus marquants de la Première Guerre mondiale. Un lieu où Français et Allemands se sont affrontés dans un combat acharné. Découvrez comment cette bataille a façonné l'histoire et la mémoire collective des deux nations.
"Nous entrons en agonie. L'attaque est certaine (...). Surtout je ne dois pas penser... Que pourrais-je envisager ? Mourir ? Je ne veux pas l'envisager. Tuer ? C'est l'inconnu, et je n'ai aucune envie de tuer. La gloire ? On n'acquiert pas de gloire ici, il faut être plus en arrière. Avancer de cent, deux cent, trois cent mètres dans les positions allemandes ? J'ai trop vu que cela ne changeait rien aux événements. Je n'ai aucune haine, aucune ambition, aucun mobile. Pourtant je dois attaquer (...). Je me souviens que j'ai vingt ans, l'âge que chantent les poètes..." La Peur" (Avant l'attaque) - G. Chevalier
La contexte militaire de la bataille de Verdun
[caption id="attachment_15477" align="aligncenter" width="1241"] Carte du front Ouest en 1914, avec le saillant de Verdun formant une avancée entre l'Argonne et le saillant de Saint-Mihiel.[/caption]
L'échiquier européen et la formation des blocs
Au début de l'année 1916, l'Europe est divisée en deux blocs, résultat des alliances contractées entre 1879 et 1912. D'un côté, la Triple-Alliance rassemble l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Italie, et de l'autre, la Triple-Entente est formée par la France, le Royaume-Uni et l'Empire russe. Cependant, la signature du pacte de Londres en avril 1915 a permis aux Alliés de faire quitter la Triplice à l'Italie.
La guerre de mouvement et l'impasse du front occidental
En déclenchant les hostilités, les puissances centrales se retrouvent encerclées à l'ouest par les forces anglo-françaises et à l'est par les troupes russes. La stratégie adoptée par le haut-commandement allemand est une offensive massive en France pour éviter de combattre sur deux fronts simultanément. L'offensive allemande, sous le commandement du général von Moltke, connaît un succès initial, occupant la majeure partie de la Belgique et une bonne partie du Nord-Est de la France. Cependant, l'avancée allemande s'essouffle à partir de la fin du premier mois des hostilités, permettant aux forces françaises de se réorganiser et de repousser les Allemands lors de la bataille de la Marne. Le front se stabilise ensuite sur une ligne de 750 km allant de la mer du Nord à la Suisse, marquant la fin de la guerre de mouvement.
Les stratégies des états-majors adverses pour 1916
[caption id="attachment_15479" align="aligncenter" width="1242"] Situation du front à Verdun avant le déclenchement de la bataille le 21 février 1916.[/caption]
La bataille de Verdun: une guerre d'usure sans précédent
Au cours de l'hiver 1915-1916, les états-majors adverses préparent leurs plans de campagne pour l'année à venir. Après plus d'une année complète d'expériences, les commandements commencent à ajuster leurs stratégies en fonction des conditions de la guerre de positions moderne : la stratégie qui sera adoptée chez tous les belligérants sera celle de la guerre d'usure. Dans les formes nouvelles du combat qui émergent, le rôle du soldat s'efface de plus en plus devant celui du matériel.
La stratégie allemande: user l'armée française
[caption id="attachment_15486" align="aligncenter" width="400"] Soldats français sur la cote 304.[/caption]
Forts de leurs succès offensifs en Russie, les généraux allemands se questionnent sur la marche à donner aux opérations pour l'année 1916. Le général Falkenhayn choisit d'adopter une stratégie tout à fait novatrice : au lieu de tenter une rupture sur un endroit particulier du front, il décide d'amener l'armée française au bout de ses ressources matérielles et morales. Par une suite ininterrompue d'attaques répétées, il souhaite user l'ennemi dans son ensemble alors que l'armée française compte déjà 600 000 morts dans ses rangs.
L'Entente et la bataille de la Somme
Du côté des forces de l'Entente, la priorité devient l'organisation concertée des forces sur les deux fronts afin de fixer les troupes des puissances centrales en position. Entre les 6 et 8 décembre 1915, une conférence interalliée à Chantilly adopte le principe d'une offensive simultanée au début de l'été 1916, entreprise « avec le maximum de moyens » sur les fronts occidental, italien et russe. Les états-majors prévoient d'engager conjointement, autour du 1er juillet, une attaque massive sur un front de 70 km dans le secteur de la Somme.
Le déclenchement de la bataille de Verdun
Sceptique à propos de la stratégie de l'Entente, où le haut-commandement anglo-français ne semble jamais envisager la possibilité d'une offensive allemande à l'ouest, le général russe Mikhail Alekseïev prophétise que « l'adversaire n'attendra pas que Joffre ait achevé ou non sa préparation ; il attaquera dès que les conditions du climat et l'état des routes le lui permettront. » Et en effet, le 21 février 1916, les forces allemandes lancent une offensive d'ampleur sur la région de Verdun, marquant le début de la bataille de Verdun.
La Bataille de Verdun : Un épisode dramatique de la Première Guerre mondiale
Contexte socio-économique en 1916
La fin de la guerre de mouvement en novembre 1914 oblige les États belligérants à repenser l'organisation des opérations militaires. Le conflit s'enlise et la victoire dépend désormais des capacités industrielles, du crédit, du commerce, de l'opinion publique et de l'unité politique du pays. Les nations en guerre doivent relancer leur économie pour subvenir aux besoins des troupes et de la population civile. L'interventionnisme économique atteint des sommets, se rapprochant d'un « communisme de guerre ».
Stratégies pour débloquer la situation
Le général français Joffre souhaite préparer une offensive importante sur la Somme pour soulager le front de Verdun. De son côté, le général allemand von Falkenhayn veut détruire les forces françaises en les saignant à blanc. Il pense que l'armée française ne pourra se retirer et s'accrochera à défendre tout objectif sous le feu allemand. Falkenhayn espère ainsi engager une bataille au ratio de pertes favorable à l'armée allemande pour décourager la France.
Le choix stratégique de Verdun
Le site de Verdun est choisi pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est une position stratégique car il se trouve près du bassin minier et des usines d'obus de Briey-Thionville, ainsi que du complexe ferroviaire de Metz. De plus, le saillant de Verdun est entouré par les forces allemandes de trois côtés, bénéficiant d'un réseau logistique performant, tandis que Verdun ne peut être approvisionné que par une mauvaise route et une ligne de chemin de fer à voie étroite. Verdun est également une ville mythique pour les Français, ayant subi onze sièges et étant le lieu du traité de Verdun en 843.
Les services de renseignement français et la préparation de l'offensive allemande
Depuis fin 1915, les services de renseignement français ont de plus en plus d'éléments indiquant que l'offensive allemande se portera sur Verdun. Malgré les avertissements du général Herr, commandant de la région, Joffre laisse le secteur dégarni pour préparer l'offensive de la Somme, laissant moins de 600 pièces d'artillerie et des unités à faible valeur combattante.
L'engagement de la bataille de Verdun
La Bataille de Verdun s'engage, opposant les forces françaises et allemandes dans une lutte acharnée pour le contrôle de cette position stratégique. Le choix de Verdun par les Allemands se révèle judicieux, car il oblige l'armée française à défendre une position difficile à tenir. Les combats sont intenses et les pertes humaines considérables des deux côtés, faisant de cette bataille un épisode dramatique de la Première Guerre mondiale.
État de la défense de Verdun début 1916
Au début de l'année 1916, la région fortifiée de Verdun est dans une situation critique. La Meuse complique la défense du secteur, et 34 forts et ouvrages fortifiés, dont Douaumont et Vaux, sont encerclés. Le commandement français ne croit plus aux places fortes, et la capacité opérationnelle de ces forts est très fortement diminuée. La voie de communication principale est une route départementale surnommée « la voie sacrée ». Cette situation rend la partie du front particulièrement fragile.
Préparatifs allemands
Le général allemand Falkenhayn choisit Verdun pour sa vulnérabilité et pour limiter le déplacement des troupes. Il compte sur la supériorité allemande en artillerie lourde et emploie la méthode du Trommelfeuer (Feu roulant) pour détruire les défenses françaises. Les préparatifs allemands ne passent pas inaperçus aux yeux des défenseurs de Verdun, mais peu de renforts sont envoyés en réponse.
L’apocalypse sur la rive droite de la Meuse
Le 21 février 1916, la bataille de Verdun débute avec un déluge de feu allemand qui va durer dix mois et faire plus de 300 000 morts et 700 000 victimes. Les forces françaises sont écrasées par cette pluie d'acier, et les défenses sont disloquées. En quelques heures, les massifs forestiers disparaissent, remplacés par un décor lunaire.
La bataille de la rive gauche de la Meuse
Les Allemands, conscients de la résistance française et déterminés à mener à bien leur plan, décident d'étendre le front de leur attaque à la rive gauche de la Meuse. Ils mettent en œuvre une stratégie de pilonnage massif pour détruire les défenses françaises et préparer le terrain pour leur avancée. En réponse, l'artillerie française fait tout son possible pour riposter, et des renforts sont rapidement déployés pour soutenir les troupes françaises sur la ligne de front.
La prise du fort de Douaumont et les combats acharnés
[caption id="attachment_15481" align="aligncenter" width="1440"] Vue aérienne du fort de Douaumont, avant la bataille de Verdun en 1916.[/caption]
Le fort de Douaumont, défendu par seulement une soixantaine de territoriaux, est pris par le 24e régiment brandebourgeois le 25 février 1916. Cette victoire représente un énorme succès pour la propagande allemande et une déconvenue pour les Français. Le fort devient le point central de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse. Cependant, malgré leur avancée, les Allemands rencontrent une résistance farouche de la part des Français.
Les troupes allemandes, avançant sur un sol dévasté et instable, sont contraintes de progresser en colonnes et de contourner de nombreux obstacles. À leur grande surprise, ils rencontrent des résistants français surgissant des positions apparemment détruites. Ces poignées de soldats, souvent sans officiers, luttent avec acharnement et parviennent à ralentir ou bloquer l'avancée des troupes allemandes.
Un front reconstitué et la résistance française
Face à cette résistance inattendue, un semblant de front est reconstitué. Les 270 pièces d'artillerie françaises tentent de rendre coup pour coup, et deux divisions françaises sont rapidement envoyées en renfort le 24 février 1916. Avec les survivants du bombardement, elles parviennent à stopper la progression des troupes allemandes.
Le général Joffre, comprenant l'importance de la situation, confie les pleins pouvoirs au général de Castelnau pour éviter une rupture des lignes françaises et une éventuelle retraite catastrophique. De Castelnau donne l'ordre de résister sur la rive droite de la Meuse, du côté du fort de Douaumont, au nord de Verdun. Grâce aux renforts demandés par le général, la progression des troupes allemandes est stoppée jusqu'au lendemain, jour de la prise du fort.
Un tournant dans la bataille de Verdun
La fin de la première phase de la bataille de Verdun est marquée par l'échec relatif des objectifs allemands. Un front trop étroit, un terrain impraticable et la détermination du soldat français semblent avoir eu raison du plan de Falkenhayn. La bataille de Verdun, qui durera dix mois, fera plus de 300 000 morts et 700 000 victimes, témoignant de l'âpreté des combats et de l'importance de cette bataille pour les belligérants.
Le commandement français réagit
En février 1916, face à la menace allemande qui s'intensifie à Verdun, le général Joffre décide d'envoyer la 2e armée en renfort, sous le commandement du général Philippe Pétain. Celui-ci, conscient de l'importance de l'artillerie dans la progression de l'infanterie, met en place une série de mesures pour renforcer la défense française.
Le rôle de Philippe Pétain
[caption id="attachment_15484" align="aligncenter" width="1562"] En présence de Clemenceau, le président Poincaré remet le bâton de maréchal à Pétain (Metz, 8 décembre 1918).[/caption]
Pétain, un fantassin de formation, est reconnu pour sa tactique économe des efforts de ses hommes et sa volonté d'adoucir la dureté des épreuves pour ses troupes. Dès son arrivée à Verdun, il divise la zone en cinq secteurs, avec un chef de commandement absolu pour chacun. Il prescrit de défendre les positions à tout prix, ne pas reculer, et veille à réorganiser les unités et rétablir les liens organiques.
La Voie sacrée : une artère vitale pour le front de Verdun
Pour assurer le ravitaillement du front de Verdun, Pétain et le général Joffre mettent en place une logistique efficace. La Voie sacrée, une route départementale doublée d'une voie ferrée sinueuse, devient l'artère vitale pour le ravitaillement. Malgré sa largeur de seulement sept mètres, cette route voit circuler une succession ininterrompue de camions transportant hommes et munitions, jour et nuit. Un règlement draconien est mis en place pour assurer le bon fonctionnement de cette route cruciale.
La réorganisation de l'artillerie et le soutien aérien
Pétain récupère l'artillerie lourde restante et crée un groupement autonome placé directement sous ses ordres, permettant ainsi de concentrer les feux sur les points les plus menacés. Il fait également appel à l'aviation pour la première fois de manière véritablement organisée, en créant une grande unité de chasse chargée de dégager le ciel des engins ennemis et de renseigner le commandement sur les positions et les mouvements adverses.
Un tournant dans la guerre
Grâce à l'intervention de Pétain et à la mise en place de ces mesures, la défense française se renforce, et les Allemands sont arrêtés à seulement quatre kilomètres de leurs positions de départ. La bataille de Verdun, qui durera dix mois, est un épisode dramatique de la Première Guerre mondiale qui témoigne de l'âpreté des combats et de l'importance de cette confrontation pour les belligérants. Les visiteurs qui foulent aujourd'hui les lieux de cette bataille ne peuvent que se souvenir avec émotion de ce chapitre sombre de notre histoire.
Les combats des deux rives de la Meuse
En 1916, la bataille de Verdun fait rage sur les deux rives de la Meuse. Le Kronprinz implore Falkenhayn d'attaquer la rive gauche afin de faire taire les canons français. Les Allemands lancent alors des offensives meurtrières autour du Mort-Homme, du bois des Bourrus, du bois de Cumières et du bois des Corbeaux, puis sur la rive droite autour du fort de Vaux et de la côte du Poivre. Dans ces lieux, les soldats français et allemands font preuve de courage, de désespoir, de sacrifice et d'abnégation.
La destruction des armées et des paysages
Les armées françaises et allemandes sont impitoyablement usées et saignées à blanc. Les unités doivent être entièrement reconstituées à plusieurs reprises ou disparaissent. Le 6 mars 1916, les Allemands pilonnent et attaquent le Mort-Homme sur la rive gauche, mais le feu français les arrête. Les combattants des deux bords connaissent toutes les souffrances et le secteur est transformé en désert. Le fer, le feu et la boue forment la triade infernale composant la vie du « poilu » français et du « Feldgrau » allemand.
Pétain et Joffre, une collaboration difficile
Pétain réclame des renforts à Joffre, mais ce dernier privilégie sa future offensive sur la Somme. Pétain déclare alors que « Le GQG me donne plus de mal que les Boches ». Le 11e division bavaroise investit la cote 304 le 20 mars, mais les Français parviennent à stopper l'offensive générale allemande sur les deux rives de la Meuse.
L'escalade des effectifs et des moyens
Au début de la bataille, les effectifs français étaient de 150 000 hommes, mais en avril, ils s'élèvent à 525 000 hommes. Cette concentration humaine sur une si faible surface pourrait expliquer dans une certaine mesure le bain de sang que constitue Verdun. Les exigences de Pétain pour préserver d'une trop grande usure les divisions françaises engagées à Verdun contrecarrent le projet de Joffre de mise en réserve des unités les plus fraîches en vue d'une grande offensive dans la Somme.
Le fort de Douaumont, symbole de la bataille
[caption id="attachment_15482" align="aligncenter" width="1387"] La reprise du fort de Douaumont le 24 octobre 1916. lithographie de Henri Georges Jacques Chartier conservée au musée de l'Armée.[/caption]
Le général Charles Mangin est chargé de reprendre le fort de Douaumont. La bataille s'engage par six jours de pilonnage du fort par les Français. L'infanterie prend pied sur le fort le 22 mai, mais en est chassée le 24. Durant ce temps, 10 000 Français tombent pour conserver la cote 304 où les Allemands sont accrochés sur les pentes.
L'artillerie, maîtresse du champ de bataille
[caption id="attachment_15485" align="aligncenter" width="539"] Dépôt de munitions français dans les lignes arrières.[/caption]
L'artillerie, pièce maîtresse de ce champ de bataille, est toujours en faveur du côté allemand avec 2 200 pièces à ce moment-là pour 1 800 pièces côté français. Verdun semble agir comme catalyseur. Les belligérants ne paraissent plus pouvoir renoncer et sont condamnés à investir de plus en plus de forces sur ce champ de bataille qui a déjà tant coûté.
L'assaut sur le fort de Vaux
Falkenhayn reprend l'offensive sur la rive droite de la Meuse. Les Allemands, en supériorité numérique, tentent d'emporter la décision qui tarde depuis si longtemps. Le fort de Vaux, défendu par une garnison de 600 hommes, est pris pour cible. Après une intense préparation d'artillerie, l'infanterie allemande se lance à l'attaque du fort le 1er juin 1916. Le 2 juin, elle pénètre dans l'enceinte, mais les combats se poursuivent couloir par couloir. La garnison ne capitule que le 7 juin, lorsque les réserves d'eau à l'intérieur du fort sont épuisées.
La résistance française et la fin de la bataille
Les Allemands sont tout près de Verdun dont ils peuvent apercevoir les tours de la cathédrale. Falkenhayn croit la victoire à sa portée et fait bombarder le secteur avec des obus au phosgène le 18 juin 1916. Cependant, les forces françaises profitent du temps nécessaire pour que le gaz se dissipe afin de renforcer leur position. Lorsque l'assaut reprend le 23 juin, les Allemands réussissent une percée de six kilomètres et occupent la crête de Fleury, mais ne parviennent pas à aller plus loin.
Le sort de la bataille bascule
Au matin du 1er juillet 1916, les Alliés lancent une attaque sur la Somme, tandis que les Russes avancent sur le front oriental et les Italiens repoussent les Autrichiens. Le commandement allemand prélève des troupes et de l'artillerie du front de Verdun, compliquant la tâche des chefs sur place. Le 11 juillet, Falkenhayn tente l'offensive de la dernière chance, son obstination pouvant s'expliquer par les rivalités au sommet de la Ve armée et la crainte de l'humiliation qu'entraînerait l'aveu d'une erreur stratégique. Les Allemands partent à l'assaut après une préparation d'artillerie de trois jours visant le fort de Souville, mais l'attaque est finalement bloquée à trois kilomètres de Verdun. Les Allemands perdent l'initiative, et Falkenhayn doit démissionner le 26 août.
La ville de Verdun décorée
Le 13 septembre 1916, la ville de Verdun reçoit la Légion d'Honneur, la Croix de Guerre et plusieurs décorations étrangères en reconnaissance de son rôle dans la lutte générale et la préparation de l'offensive d'ensemble. Les Français pilonnent les lignes ennemies du 21 au 24 octobre, écrasant et gazant les Allemands avec des obus de 400mm. Les batteries ennemies repérées sont détruites par l'artillerie française.
La reconquête française et la fin de la bataille
[caption id="attachment_15480" align="aligncenter" width="971"] Carte des différents fronts pendant la bataille de Verdun.[/caption]
Du 21 au 24 octobre 1916, les troupes françaises ont pilonné les lignes ennemies. Subissant les tirs d'obus de 400 mm et les gaz, les Allemands se sont vus contraints d'évacuer Douaumont le 23 octobre. Les batteries ennemies repérées furent détruites par l'artillerie française. Le 24 octobre, trois divisions françaises ont lancé une offensive sur un front de sept kilomètres. Douaumont fut repris et 6 000 Allemands furent capturés. Le fort de Vaux fut évacué par les Allemands le 2 novembre, et d'ici au 21 décembre, la majorité des positions perdues en février furent récupérées par les Français.
Bilan et héritage de la bataille de Verdun
Pertes humaines et matérielles
[caption id="attachment_15483" align="aligncenter" width="1679"] Blessés de guerre à l'hôpital.[/caption]
La bataille de Verdun fut une guerre de position avec des pertes considérables pour un territoire conquis nul. Après 10 mois de souffrances atroces pour les deux camps, les Français ont perdu 378 000 hommes (61 000 tués, plus de 101 000 disparus et plus de 216 000 blessés, souvent invalides) et les Allemands 337 000. Au total, 53 millions d'obus furent tirés, dont un quart au moins n'ont pas explosé. Les Allemands ont employé à cet effet 2 200 pièces d'artillerie, les Français 1 727.
Un symbole de résistance et de futilité
Malgré l'absence de conséquences militaires fondamentales, la bataille de Verdun demeure un symbole de futilité. La construction mythologique française d'après-guerre en a fait l'incarnation du sacrifice consenti pour la victoire. Les poilus qui en sont revenus affirmaient avec un mélange de fierté et d'horreur rétrospective : "Verdun, j'y étais !" Pour la nation tout entière, Verdun devint le symbole du courage et de l'abnégation.
La mémoire et la réconciliation
Le Conseil municipal de la ville se proclame "capitale de la paix" en 1966, et le Mémorial de Verdun, inauguré en 1967, perpétue la mémoire des deux côtés. La réconciliation franco-allemande est symbolisée par la poignée de main de François Mitterrand et Helmut Kohl à Douaumont en 1984. Le Centre mondial de la paix, inauguré à Verdun en 1994, se veut un lieu de promotion de la paix, des libertés et des droits de l'homme.
La bataille de Verdun demeure un événement marquant de l'histoire, évoquant à la fois l'horreur et la résilience des combattants et des nations impliquées. Son souvenir continue d'être commémoré et célébré, rappelant les leçons et les sacrifices de cette période tragique.