La bataille de Jarnac : Entre foi, pouvoir et religion
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C’est tout près de Jarnac, qu’éclata Le 13 mars 1569 « la Bataille de Jarnac », une bataille majeure, qui allait devenir un moment clé de la troisième guerre de Religion. C’est ici que les armées protestantes, dirigées par Louis Ier de Condé, vont devoir affronter celles du roi de France, commandées par Henri, le duc d'Anjou et frère du roi.
Les Origines de la Bataille
La mort du Roi
La bataille de St Denis en 1567
Tout commence avec la mort soudaine du roi François II. Son jeune frère Charles IX lui succède, mais c'est leur mère, Catherine de Médicis, qui tient les rênes du pouvoir comme régente. La France, déjà agitée, sombre dans les guerres civiles.
D'un côté, les Guise, ardents défenseurs du catholicisme. De l'autre, Condé et le prince de Navarre, qui soulèvent les protestants. Après de nombreux conflits, une paix précaire est conclue à Paris en mars 1568. Mais cette paix ne dure pas.
Un vent de révolte
Des villes comme La Rochelle refusent d'obéir à l'autorité royale. Elles rejettent les garnisons royales et les tentatives de restauration des droits des catholiques. Condé, se sentant mis à l'écart à la cour, voit dans cette guerre religieuse une opportunité pour ses ambitions personnelles.
Les forces des deux camps se massent au cœur de la France, une tension croissante entre la volonté royale et les aspirations des protestants. Et c'est dans ce contexte tendu que la bataille de Jarnac se profile, un affrontement décisif qui marquera l'histoire du royaume.
Le rôle de Catherine de Médicis
La Fuite des Chefs Protestants
Catherine de Médicis
Avant la bataille de Jarnac, un épisode crucial se joue dans la France de 1568. Catherine de Médicis, déterminée à capturer les leaders protestants Condé et Coligny, va déclencher une série d'événements qui conduiront à un nouveau conflit religieux. Ainsi c’est en échappant de justesse à une tentative d’enlèvement, que Condé et Coligny choisissent de se réfugier à La Rochelle, et de transformer la ville en une forteresse impénétrable.
La Réaction Royale
Henri d'Anjou futur Henri III
Entre-temps, Henri d'Anjou, le frère cadet du roi, est nommé lieutenant général du royaume avec la mission spécifique de vaincre les huguenots. Le 26 octobre, l'armée royale surprend et attaque les huguenots en Provence à Mensignac.
Renforts Protestants
Dans le même temps, des renforts protestants arrivent. Wolfgang de Bavière, duc de Deux-Ponts, et Guillaume d'Orange entrent en France avec leurs armées. Face à cette nouvelle menace, il devient crucial pour les forces royales de battre l'armée principale des huguenots, menée par Condé et Coligny.
Cette série d'événements sert de toile de fond à la bataille de Jarnac, une confrontation qui s'avérera décisive dans les guerres de Religion en France.
La bataille de Jarnac
La Tension Monte
Le 13 mars 1569, au bord de la Charente que les armées protestantes, retranchées derrière le fleuve, s’apprêtent à affronter les forces catholiques du roi. Le fleuve sert de frontière entre les forces catholiques et protestantes.
Les Mouvements précédents la Bataille
La bataille de Jarnac
Dès le 10 mars, le duc d'Anjou prend position à Châteauneuf, sur la rive gauche. Pendant ce temps, les éclaireurs royaux, sous les ordres du duc de Guise, avancent vers Jarnac, situé sur la rive droite. L'avant-garde protestante atteint quant à elle Cognac. Bientôt, les huguenots s'emparent de Jarnac, poussant les catholiques à se replier.
Une manœuvre de Nuit
Sous le couvert de la nuit, le duc d'Anjou fait réparer et renforcer le pont de Châteauneuf afin de faire traverser ses troupes sur l’autre rive. Cette manœuvre stratégique provoque la confusion dans les rangs protestants. Coligny, le chef protestant, est pris au dépourvu et doit maintenant parvenir à rassembler ses troupes dispersées.
Trop tard pour la cavalerie
L'amiral de Coligny
Dans la confusion, le village de Bassac est pris par les catholiques, obligeant l’Amiral de Coligny à battre en retraite. Bien décider à reprendre le village, Coligny fait envoyer les troupes d’Andelot qui se trouvent à leur tour repoussée. Dans l’urgence il ordonne à Condé de charger avec ses 300 cavaliers, avant de se raviser.
Mais il est trop tard et l’annulation de l’ordre ne parviendra jamais à Condé. Condé et ses hommes parviennent à percer les premières lignes ennemies, mais face au surnombre, il se retrouve vite encerclée.
Condé, mort et humiliation
Louis Ier de Bourbon, 1er prince de Condé
La cavalerie huguenote est décimée, et Condé contraint de se rendre. Une fois prisonnier Condé est exécuté d’une balle dans la nuque par Joseph de Montesquiou, le capitaine des gardes du Duc d’Anjou.
Comme ultime humiliation le corps de Condé est transporté à dos d’âne, et devient la cible des moqueries de l'armée catholique. Après avoir été exposé pendant deux jours sur une table au château de Jarnac, son corps est finalement confié au duc de Longueville. Ce dernier s'assure qu'il repose à Vendôme, dans le lieu de sépulture ancestral de la famille Bourbon.
Les Conséquences pour les 2 camps
La mort de Condé est un véritable choc pour les protestants, et de leur côté les catholiques ne récoltent pas le triomphe espéré. Néanmoins le pouvoir royal se satisfait de cette victoire, et élève au rang de héros Henri d'Anjou.
Coligny parvient à sauver une partie de son armée, préservant ainsi les chances de reconstituer une nouvelle force. Les comptes se régleront plus tard, notamment pendant La bataille de Moncontour, qui se aura lieu plus tard cette année-là, et qui se révélera être encore plus déterminante.
Un Monument pour le Souvenir
En 1770, une colonne commémorative est érigée sur le champ de bataille par le comte de Jarnac en l'honneur de Condé. Détruit pendant la Révolution, ce monument est par la suite restauré et devient un lieu de mémoire, rappelant cette période tumultueuse de l'histoire française.