La tornade de Montville, la plus dévastatrice de France
10 Sent. des Jumelles Montville
Le 19 août 1845, une tornade d’une intensité sans précédent frappe la vallée du Cailly, dévastant Montville et Malaunay. Avec ses 75 morts et ses dégâts immenses, cet événement reste gravé dans l’histoire météorologique Française. Retour sur cette tragédie qui a bouleversé la Seine-Maritime.
L'HISTOIRE EN BREF
La vallée du cailly, une industrielle textile florissante anéantie par le ciel
La filature Saint-Pierre de Déville-lès-Rouen au début du XXe siècle.
À la mi-août 1845, la vallée du Cailly, au cœur de la Seine-Maritime, est un bastion prospère de l’industrie textile. Les filatures, alimentées par les eaux du Cailly, emploient des centaines d’ouvriers, souvent venus d’autres régions pour participer à cet essor économique. Parmi elles, les filatures Neveu, Mare Frères, et Picquot-Deschamps s’élèvent comme des symboles de modernité et de solidité.
Cependant, ce 19 août, la région s’apprête à connaître un bouleversement sans précédent. Une atmosphère lourde et accablante précède un orage annoncé banal. Mais en quelques heures, un enchaînement climatique déchaîné transforme la vallée en un théâtre de désolation. La tornade de Montville, d’une intensité extrême (EF5), est sur le point de s’abattre avec des vents dépassant les 320 km/h. C’est un phénomène rare, jamais vu dans cette région.
Montville, l’arrivée d’une tornade dévastatrice
Vers 13 heures, la tornade se forme près du Houlme, prenant rapidement une forme de cône inversé. Décrite comme un « immense tronc conique », elle zigzague à travers la vallée du Cailly avec une force inouïe. Les bâtiments solides ne sont que des proies fragiles pour ce tourbillon destructeur. La filature Neveu, un édifice de quatre étages réputé pour sa solidité, s’effondre en premier. À Montville, les filatures Mare Frères et Picquot-Deschamps, pourtant neuves et bâties en briques, ne résistent pas davantage. La cheminée de l’une d’elles, haute de 150 mètres, est arrachée et projetée au loin.
La scène est apocalyptique. Des ouvriers, surpris en plein travail, sont projetés dans les airs ou ensevelis sous les décombres. Des débris sont retrouvés à plus de 30 kilomètres, à Saint-Victor et Torcy-le-Grand, témoignant de la puissance du phénomène. Selon le journal La Presse, l’intérieur des filatures ressemble à une « boucherie de chair humaine ». Parmi les rescapés, M. Neveu protège sa mère sous les gravats, illustrant les drames humains qui se jouent dans cette vallée ravagée.