La Place du Boulingrin : l'ancien coeur de la vie culturelle rouennaise

La Place du Boulingrin, située au cœur de Rouen, n'est pas seulement un lieu de passage. Elle incarne des siècles d'histoire, reflétant les transformations culturelles et sociales de cette ville historique de Normandie. Aujourd'hui, nous partons à la découverte de ce lieu emblématique, véritable témoin des évolutions du temps.

Origines de la Place du Boulingrin

En 1778, la Place du Boulingrin devient un marché aux chevaux naît de la nécessité d'un marché aux chevaux, déplacé de la place de la Rougemare. Son nom, pittoresque et unique, provient de l'anglais "bowling green" - un jeu de boule sur gazon, témoignage de l'influence britannique et de la popularité de ce loisir parmi les habitants de l'époque. Ici, les Rouennais se rassemblaient pour jouer au boulingrin, ancêtre de la pétanque et de la boule Lyonnaise. À cette époque cet espace servait de lieu de rencontre et de loisirs aux habitants de la ville.

Le Cirque et la Foire Saint Romain

Louis Armstrong 

Au XIXe siècle, la place du Boulingrin se transforma, marquant un tournant dans l'histoire de Rouen. En 1894, un cirque en maçonnerie fut érigé, devenant un symbole de modernité et de divertissement. Ce cirque, avec ses 3 000 places, attira des troupes de cirques célèbres ou des spectacles variés, comme ceux de Duke Ellington, Louis Armstrong, ou encore du Théâtre, tout ceci confortant la place dans son rôle de pôle culturel majeur.

C’est à cette période que la foire Saint Romain vient s’installer sur la place du Boulingrin et les boulevards adjacents. La proximité avec cette foire, l'une des plus anciennes foires de France, créa une synergie, où la place servait de cœur battant à cette festivité populaire. Avec le temps La Foire Saint Romain est devenue la deuxième plus importante de France.

Héritage et Commémoration

En 1931, un hommage durable est rendu aux forains morts pour la France avec l'inauguration d'un monument, œuvre de Maxime Real del Sarte. Dans la mémoire collective, ce monument montre le lien historique qui unit la communauté foraine et la ville de Rouen. Pour preuve, ce monument est le seul du genre dans toute la France.

Le Boulingrin devient un refuge

Durant la Seconde Guerre mondiale, la place a pris un visage plus sombre, en accueillant dans des baraquements, les habitants victimes des bombardements dévastateurs d’avril et mai 1944. Une période de heurts, entre ceux qui avaient tout perdu, et les forains qui continuaient à installer leurs attractions à proximité. La foire restera à proximité de la place jusqu’à son déménagement en 1983 sur les quais rive gauche.

Un Lieu de Rencontres et d'Échanges

La place du Boulingrin a toujours été un lieu de rencontres et d'échanges. Au début du XXe siècle, elle accueillit des congrès et des événements politiques importants, avec des figures telles que Jean Jaurès et Aristide Briand. En 1968, le cirque de Rouen devint un symbole de révolte estudiantine lorsqu'il fut occupé par les étudiants.

Avec le temps, l'édifice perdit de son éclat et, face à son état de vétusté croissante, il fut inéluctablement condamné à la démolition en 1973. Ce magnifique bâtiment circulaire, jadis capable d'accueillir 3000 spectateurs, demeure dans les souvenirs comme une icône architecturale de la ville.

Évolution et Rénovation

Au fil du temps, la place du Boulingrin a connu plusieurs transformations. Elle a vu naître et disparaître des bâtiments emblématiques, s'adaptant aux besoins changeants de la ville. La disparition du cirque en 1973 a marqué la fin d'une époque, mais la place a continué à évoluer. Récemment, des efforts de rénovation et de revitalisation ont été entrepris, visant à préserver son héritage tout en la modernisant pour les générations futures.

Bien que la Place du Boulingrin soit aujourd’hui un vaste parking à proximité directe du métro, il est important de ce souvenir que cet endroit était un lieu de vie très important dans l’histoire de Rouen. Son histoire à travers les siècles, prouve que la fonction de cet espace urbain, peut encore à l’avenir, prendre de multiples formes.