Légendes d’Artois : Les Pierres jumelles du Mont-Saint-Éloi

Picardie Mont-Saint-Éloi Pas-de-Calais

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EN RÉSUMÉ

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Dressées face au ciel d’Artois, les deux “Pierres jumelles” d’Écoivres, près du Mont-Saint-Éloi, intriguent depuis plus de cinq millénaires. Entre légende diabolique et énigme archéologique, elles mêlent Histoire et mystère dans un décor champêtre.

Sur les hauteurs du hameau d’Écoivres, deux blocs de grès brut, hauts de plus de trois mètres et pesant près de huit tonnes chacun, se dressent depuis environ 3000 avant J.-C. Selon les fouilles menées au XIXᵉ siècle par le comte de Brandt-de-Galametz, des tombes armées de fer reposaient à leurs pieds, témoignant d’un usage funéraire. Longtemps considérées comme de simples menhirs, ces Pierres jumelles auraient aussi pu être des stèles carolingiennes, érigées plus tard pour célébrer un haut fait militaire.

Les deux menhirs du Pas-de-Calais, appelés "Pierres Jumelles". 

Mais à Écoivres, la légende a souvent plus de poids que la science. On raconte qu’un jour, la reine Brunehaut, désireuse de bâtir une route vers le pays des Morins, aurait fait appel au Diable. Il lui promettait d’achever l’ouvrage avant l’aube, en échange de son âme. Pour tromper Belzébuth, la reine fit chanter le coq avant l’heure. Furieux d’avoir été berné, le démon lâcha les deux énormes pierres qu’il portait encore. Elles s’enfoncèrent dans le sol… et s’y trouvent toujours.

Une autre version, plus tendre et cruelle à la fois, raconte qu’un soir de fête à Villers-au-Bois, deux jeunes filles d’Acq auraient dansé jusqu’à l’aube, oubliant l’interdiction de leurs parents de rentrer avant le jour. Sur le chemin du retour, la colère divine les aurait figées pour l’éternité, transformées en statues de grès au milieu des champs. Depuis, on les appelle les “Demoiselles d’Acq”, et les soirs de vent, dit-on, on croit encore entendre le bruissement de leurs robes dans les herbes hautes.

Classées Monuments historiques depuis 1889, les Pierres jumelles demeurent l’un des plus anciens témoignages de l’histoire humaine du Pas-de-Calais. En contrebas, les ruines de l’ancienne abbaye du Mont-Saint-Éloi dressent leurs deux tours mutilées, gardiennes du passé et de la mémoire des lieux. Les promeneurs y voient à la fois un vestige préhistorique, une trace sacrée et une porte ouverte sur les croyances d’autrefois. Dans ce coin d’Artois, chaque pierre raconte une histoire : celle du lien entre les hommes, la terre et le mystère des temps anciens.

Crédit photo de couverture / Source : Velvet, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


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