La Cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, quinze siècles de renaissances

EN RÉSUMÉ

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Au cœur d’Orléans, la cathédrale Sainte-Croix domine la ville de ses tours gothiques, parfaitement alignées sur la rue Jeanne-d’Arc tracée au XVIIᵉ siècle. Témoins des guerres et des reconstructions, ses pierres racontent quinze siècles d’histoire, de ferveur et de royauté.

La Cathédrale Sainte-Croix - Façade sud.

Bien avant l’élévation de la grande nef gothique, le site abritait déjà un lieu sacré : un temple romain, puis, vers 370, l’évêque saint Euverte y fonda une première église dédiée à la Sainte Croix, après avoir, dit-on, vu descendre la main de Dieu pour bénir le sanctuaire. Détruite, rebâtie, puis effondrée au XIIIᵉ siècle, elle donna naissance à un chantier d’une ampleur inédite. En 1287, l’évêque Gilles Pastai posa la première pierre du nouvel édifice gothique, inspiré de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens mais plus vaste encore, avec neuf chapelles absidiales et des arcs-boutants immenses. Les travaux s’étirèrent sur des siècles, freinés par les guerres et les épidémies, tandis que les fidèles priaient dans la nef inachevée.

Sortie de la cathédrale Sainte-Croix lors de la fête de Jeanne d'Arc à Orléans le 8 mai 1922.  

Durant la guerre de Cent Ans, la ville fut encerclée du 12 octobre 1428 au 8 mai 1429 par les forces anglaises ; les défenses et les murs faisaient face aux campements ennemis tout autour d’Orléans. Les habitants, réfugiés sous les hautes voûtes de la cathédrale Sainte-Croix, priaient jour et nuit pour que Dieu protège la cité. Le 8 mai 1429, la délivrance vint d’une jeune femme en armure qui venait de libérer la ville : Jeanne d’Arc entra dans la cathédrale et fit chanter un Te Deum de victoire, inscrivant son nom pour toujours dans l’histoire de ce lieu. Mais deux siècles plus tard, la foi du royaume se déchira. Dans la nuit du 23 mars 1568, en pleine guerres de Religion, des huguenots firent sauter quatre piliers du transept. L’édifice s’effondra dans un fracas de tonnerre, brisant orgue, vitraux et statues. À l’aube, il ne restait qu’une nef ouverte au vent, les pierres noircies par la poudre, comme une plaie béante au cœur d’Orléans.

Le maître-autel et la grande nef de la Cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. 

Pendant plus de trente ans, les ruines restèrent muettes avant que le roi Henri IV ne décide de rebâtir le sanctuaire. En 1601, il posa la première pierre d’une reconstruction placée sous le signe de la réconciliation. Sous la direction des architectes Jacques Androuet du Cerceau et François Mansart, la cathédrale retrouva peu à peu sa silhouette, mêlant gothique flamboyant et influences classiques. Sous Louis XIV, les tours prirent leur majestueuse allure actuelle, symbole de paix retrouvée. L’édifice fut inauguré par Charles X le 8 mai 1829, exactement quatre siècles après la victoire de Jeanne d’Arc. Classée monument historique en 1862, elle poursuivit sa vie au rythme de la ville. Touchée par les bombardements de 1940 et 1944, elle fut restaurée pierre après pierre. Longue de 140 mètres, large de 53, et haute de 32 mètres sous voûte, elle abrite un chœur lumineux, des vitraux du XIXᵉ siècle retraçant l’épopée de Jeanne d’Arc, et un grand orgue monumental. Chaque année, le 8 mai, les cloches résonnent à nouveau pour la fête commémorative, rappelant que la cathédrale n’est pas seulement un chef-d’œuvre de pierre, mais le témoin vivant des prières, des blessures et des renaissances d’Orléans.

Crédit photo de couverture / Source : Johan Allard, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

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