La tour du Guet veille toujours sur l’histoire de Calais

EN RÉSUMÉ

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Dressée sur la place d’Armes, la tour du Guet de Calais veille depuis le XIIIᵉ siècle sur la mer et la ville. Rescapée des guerres, des séismes et des incendies, elle incarne à elle seule huit siècles d’histoire calaisienne.

Érigée vers 1229 par le comte de Boulogne Philippe Hurepel, la tour du Guet s’intègre au puissant système défensif médiéval de Calais. Du haut de ses 39 mètres, les guetteurs rythmaient la vie de la cité : à chaque heure, leur corne résonnait dans la nuit pour rassurer les habitants. À l’aube, cinq coups de cloche ouvraient les portes, et au moindre incendie, le tocsin alertait toute la ville. Ces hommes, garants de la sécurité, incarnaient la vigilance du pouvoir comtal. Certains historiens évoquent même une première tour à feu, peut-être bâtie sous Charlemagne, pour défendre le littoral contre les raids vikings.

Le 4 août 1347, la tour devient le témoin d’un épisode majeur de la guerre de Cent Ans. Au pied de la tour, sur la place d’Armes, le gouverneur Jean de Vienne annonce à la population les conditions imposées par Édouard III d’Angleterre : six notables calaisiens doivent se livrer au roi, pieds nus et corde au cou. De cette foule surgissent les célèbres Bourgeois de Calais, figures de courage et d’abnégation immortalisées par Rodin.

Calais, la Tour du Guet de nuit en 2016. 

La tour subit les outrages du temps : fendue par le séisme de 1580, ravagée par un incendie en 1658 alors que Louis XIV séjourne à Calais, elle est reconstruite vers 1606 puis restaurée au XIXᵉ siècle. En 1816, elle accueille un télégraphe optique Chappe reliant Boulogne-sur-Mer à Saint-Omer ; deux ans plus tard, elle devient phare à feu tournant, avant que la lanterne ne s’éteigne définitivement en 1848. Durant les deux guerres mondiales, la tour sert de poste d’observation, défiant les bombardements qui rasent la ville.

Classée Monument historique en 1931, la tour du Guet de Calais a retrouvé sa cloche de 1770 au sommet en 2015. Aujourd’hui, elle arbore fièrement le drapeau bleu à croix blanche, rappel d’une ordonnance de Louis XIV autorisant Calais à hisser ses couleurs. Du haut de sa masse de brique, elle demeure la plus fidèle des sentinelles du Nord, gardienne de la mémoire d’une ville toujours tournée vers la mer.

Crédit photo de couverture / Source : Velvet, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

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