
Alfred Dreyfus à Mulhouse, aux origines d’un destin français
45 Rue de la Sinne Mulhouse
EN RÉSUMÉ
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Au 45 rue de la Sinne, une plaque discrète rappelle qu’ici grandit Alfred Dreyfus, né à Mulhouse en 1859. Avant que son nom ne devienne symbole de justice et de raison d’État, c’est dans cette ville d’industrie et de savoir qu’il forgea, au sein d’une grande fratrie, les valeurs de rigueur et de loyauté qui guideront toute sa vie.
Né le 9 octobre 1859, Alfred Dreyfus est le benjamin d’une fratrie de neuf enfants. Son père, Raphaël Dreyfus, fonde à Mulhouse une filature de coton qui devient bientôt une prospère usine de tissage, intégrant la famille à la bourgeoisie industrielle alsacienne. Avec sa mère Jeannette Libmann et ses frères et sœurs, Alfred passe son enfance rue du Sauvage avant de s’installer dans une maison cossue rue de la Sinne, aujourd’hui marquée d’une plaque commémorative. Enfant timide et studieux, il est très proche de sa sœur Henriette, qui veille sur lui comme une seconde mère lorsque leur mère tombe malade. Dans cette Alsace en plein essor, Dreyfus grandit dans un univers où la science, le travail et la France représentent un idéal commun.
Alfred Dreyfus.
Mais la guerre de 1870 et la défaite française bouleversent cet équilibre. L’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871 par l’Empire allemand est vécue comme une humiliation. Raphaël Dreyfus opte pour la nationalité française et quitte Mulhouse avec sa famille, laissant l’un des fils, Jacques, diriger l’usine restée sur place. Dreyfus, âgé de douze ans, emporte avec lui le souvenir d’une enfance alsacienne arrachée à sa terre natale. Cette blessure nourrit chez lui un désir de revanche patriotique. Installé à Paris après un passage par Bâle, il obtient son baccalauréat, entre au collège Sainte-Barbe, puis intègre l’École polytechnique en 1878, à dix-neuf ans.
Alfred Dreyfus avec sa femme, née Lucie Hadamard, et leurs deux enfants, Pierre et Jeanne Levy.
Officier de carrière, il épouse en 1890 Lucie Hadamard, issue d’une famille de diamantaires de Metz, avec qui il aura deux enfants, Pierre et Jeanne. Quatre ans plus tard, il est accusé à tort de trahison et déporté sur l’île du Diable, avant d’être réhabilité en 1906. Cette affaire, l’une des plus célèbres de la Troisième République, déchira la France entre dreyfusards et antidreyfusards. Elle révéla la force du préjugé antisémite mais aussi le courage de ceux qui défendirent la vérité, d’Émile Zola à Jean Jaurès. Dreyfus, lui, resta fidèle à l’armée et à son pays jusqu’à la fin, sans jamais renier sa foi en la justice. Ici, à Mulhouse, la plaque du 45 rue de la Sinne perpétue la mémoire de cet homme d’honneur dont la jeunesse, enracinée dans une Alsace déchirée, fut le socle d’un combat universel pour la justice et la vérité.
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