
Avec l'imagerie d’Épinal, les français rêvent en couleurs
42 bis Quai de Dogneville Épinal
EN RÉSUMÉ
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Sous les verrières de l’imagerie d’Épinal, les presses anciennes font encore vibrer le papier comme au temps de Jean-Charles Pellerin. Fondée en 1796, cette maison vosgienne a donné naissance à un art accessible à tous : celui des images populaires. Entre gravure, couleur et mémoire, elle a façonné deux siècles d’imaginaire français.
Images d'Épinal : l'Alphabet des enfants sages.
À la fin du XVIIIᵉ siècle, Jean-Charles Pellerin, horloger et dessinateur, installe son atelier à Épinal. Il grave sur bois des scènes morales ou héroïques qu’il imprime sur des feuilles bon marché, colorées à la main. Ces images, diffusées par des colporteurs dans les foires et les villages, racontent la foi, le courage ou la vie quotidienne. Dans une France encore rurale, elles instruisent autant qu’elles émerveillent, donnant à chacun le goût de l’histoire et du rêve.
"La complainte du Juif errant tel qu'il aurait été vu à Avignon en 1784", est la première image sorti de l'imprimerie d'Epinal.
Sous l’impulsion de son fils Adolphe Pellerin, l’imagerie entre dans l’ère industrielle. La lithographie permet de tirer des milliers de planches, tandis que les ateliers bruissent du cliquetis des presses et du parfum des encres. Les thèmes s’élargissent : contes, légendes, batailles napoléoniennes ou saynètes humoristiques. L’image d’Épinal devient un emblème national, exporté jusqu’en Russie et en Amérique, symbole d’une France idéalisée et triomphante.
Estampe sur papier colorié au pochoir, représentant "La soumission d'Abd-el-Kader" par l'imagerie d'Épinal en 1870.
Au XXᵉ siècle, l’expression « image d’Épinal » désigne une vision naïve du réel, mais l’imagerie survit à la modernité. Classée Entreprise du Patrimoine Vivant, elle conjugue aujourd’hui gravure traditionnelle et impression numérique, entre patrimoine et création. Dans les ateliers, les pierres lithographiques côtoient les écrans, les encres sentent encore la cire et les rêves populaires continuent d’y prendre des couleurs.
Crédit photo de couverture / Source : pilllpat (agence eureka), CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons
