
La cathédrale russe de Nice, un héritage impérial
Av. Nicolas II Nice Alpes-Maritimes
EN RÉSUMÉ
Dès 1856, la tsarine Alexandra Fedorovna lance une souscription pour ériger un premier sanctuaire : l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, inaugurée rue Longchamp en 1859. Mais la colonie russe croît si rapidement que l’édifice se révèle vite trop étroit. Quelques années plus tard, un drame marque à jamais l’histoire des Russes de Nice : en 1865, le tsarévitch Nicolas Alexandrovitch, fils du tsar Alexandre II, meurt à vingt ans d’une méningite. Bouleversé, son père fait construire par l’architecte David Grimm une chapelle commémorative à l’endroit même où son fils s’est éteint. C’est à côté de cette chapelle que s’élève, entre 1903 et 1912, la majestueuse cathédrale dessinée par Mikhaïl Préobrajenski. Conçue dans le style néo-russe, elle adopte un plan en croix grecque et se distingue par ses cinq coupoles en bulbes, ses kokochniki ornés de majoliques, et une somptueuse iconostase importée de Russie. Pour réduire les coûts, l’ossature fut réalisée en béton armé, dissimulée sous des parements de briques rhénanes, marbres italiens et calcaire de La Turbie.
Dôme de la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas
Mais la cathédrale ne connaît pas qu’une histoire spirituelle : elle devient aussi un enjeu politique. De 1923 à 2010, elle est administrée par l’Association cultuelle orthodoxe russe de Nice, jusqu’à ce que la Fédération de Russie en réclame la propriété. Après plusieurs décisions de justice, les clés sont finalement remises en 2011 à Nicolas Ozoline, recteur nommé par Moscou, au grand désaccord du père Jean Gueit et d’une partie des fidèles attachés à Constantinople. Restaurée de fond en comble entre 2012 et 2016, la cathédrale Saint-Nicolas rouvre ses portes avec éclat. Ses coupoles vertes et dorées, visibles de loin, rappellent autant la mémoire des tsars que la rencontre singulière entre la Méditerranée et la Russie impériale.
Crédit photo / Source : wikipedia
LEXIQUE
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Église orthodoxe russe : branche du christianisme d’Orient, rattachée au Patriarcat de Moscou.
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Style néo-russe : courant architectural du début du XXe siècle, inspiré des églises traditionnelles russes (coupoles en bulbes, décors colorés).
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Croix grecque : plan d’église dont les quatre bras sont de longueur égale, symbole fréquent dans l’architecture orthodoxe.
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Kokochniki : éléments décoratifs en forme d’arcs semi-circulaires, caractéristiques de l’architecture religieuse russe.
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Iconostase : grande cloison ornée d’icônes séparant le chœur de la nef dans les églises orthodoxes.
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Béton armé : technique moderne de construction utilisant béton et armatures métalliques, permettant solidité et réduction des coûts.
PERSONNAGES HISTORIQUES
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Alexandra Fedorovna : tsarine de Russie, à l’origine de la première église russe de Nice (1856).
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Nicolas Alexandrovitch : tsarévitch (fils d’Alexandre II), mort à Nice en 1865 ; une chapelle lui est dédiée.
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Alexandre II : tsar de Russie, père de Nicolas Alexandrovitch, commanditaire de la chapelle en mémoire de son fils.
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David Grimm : architecte de la chapelle commémorative du tsarévitch.
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Mikhaïl Préobrajenski : architecte de la cathédrale Saint-Nicolas, inaugurée en 1912.
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Jean Gueit : recteur de la cathédrale jusqu’en 2011, opposé au transfert de propriété à la Russie.
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Nicolas Ozoline : recteur nommé par le Patriarcat de Moscou en 2011, lors de la restitution officielle de la cathédrale à la Russie.
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