Les noyades de Nantes, la Loire ensanglantée par la Terreur

EN RÉSUMÉ

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Entre novembre 1793 et février 1794, la Loire devient un tombeau. À Nantes, le représentant du peuple Jean-Baptiste Carrier, envoyé de la Convention nationale, orchestre la noyade de milliers de prisonniers — prêtres, Vendéens, femmes et enfants. Dans cette ville épuisée par la guerre civile, la Terreur se mue en mécanique de mort.

L’automne 1793 accable Nantes. La guerre de Vendée s’enlise, les défaites amènent des milliers de captifs dans une cité ravagée par la famine et le typhus. Les prisons débordent, la peur s’installe. La Convention envoie Jean-Baptiste Carrier, représentant du peuple en mission, pour “rétablir l’ordre”. Son mandat : purifier la ville, nourrir l’armée, frapper les suspects. Dans cette fièvre politique, la raison cède la place à la terreur.

Gravure de 1802 représentant les Noyades de Nantes les 6 et 7 décembre 1793. 

Le 17 novembre 1793, quatre-vingt-dix prêtres réfractaires sont conduits jusqu’à Chantenay, dans la brume. Entassés sur une gabare percée, ils sont menottés, ligotés deux par deux. À mi-courant, les planches cèdent, l’eau s’engouffre, les cris s’éteignent. Carrier nomme cette méthode la “baignoire nationale”. Dès lors, les exécutions se multiplient : le 14 décembre, cent vingt-neuf prisonniers du Bouffay sont noyés près de Trentemoult ; d’autres suivent, hommes, femmes et enfants mêlés, jetés nus dans la Loire, parfois attachés ensemble dans un “mariage républicain”. Entre 1 800 et 4 800 victimes disparaissent ainsi dans ce que Carrier appelle la “déportation verticale”.

Au matin, les corps flottent jusqu’au port. L’eau, infectée, devient impropre à la consommation. Nantes découvre l’horreur qu’elle a abritée. Aujourd’hui, une plaque commémorative, sur le quai de la Fosse, rappelle cette tragédie. La Loire, garde encore le souvenir secret, d’un temps où la Révolution s’était noyée avec ses victimes.

Crédit photo / Source : Château des ducs de Bretagne, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

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