Attentat du 7 août 1932 à Rennes, la bombe qui fit vaciller l’unité bretonne

Hôtel de Ville Pl. de la Mairie Rennes

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EN RÉSUMÉ

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Dans la nuit du 7 août 1932, une détonation secoue la place de l’Hôtel de Ville de Rennes. La statue d’Anne de Bretagne agenouillée devant le roi de France vient d’exploser. Cet attentat, œuvre du mouvement indépendantiste breton Gwenn ha Du, marque la première action violente du nationalisme breton.

Rennes; Cesson 042a

Photo de 1911 de la statue de Jean Boucher, prise pour cible et détruite par une bombe. 

À 4 h 40 du matin, la ville encore endormie est réveillée par une violente explosion. Dans la niche centrale de la mairie, les restes de la statue de Jean Boucher, inaugurée en 1911, gisent en éclats. L’œuvre figurait Anne de Bretagne, à genoux devant la France. Symbole d’union pour les uns, d’humiliation nationale pour d’autres, elle cristallisait la rancune de militants bretons qui voyaient là le signe d’une soumission séculaire. La bombe, logée dans une boîte de lait concentré remplie de nitroglycérine, ne fait heureusement aucune victime.

Vannes, Union France-Bretagne 1532-1932, Mr Herriot embrasse une Bretonne

En août 1932, visite du président de la République Edouard Herriot, venu célébrer les 400 ans d'union de la Bretagne à la France 

L’attentat survient alors que la Bretagne célèbre, à Vannes, le 400e anniversaire de son union à la France. Tandis que le président du Conseil Édouard Herriot assiste aux cérémonies, le groupe clandestin Gwenn ha Du revendique l’attaque dans une lettre enflammée : « Nous ouvrons la lutte pour la délivrance de notre pays ». Derrière l’explosion, deux jeunes militants : Célestin Lainé, ingénieur chimiste fasciné par l’IRA irlandaise, et André Geffroy, chargé de déposer la bombe. Pour eux, seul le geste pouvait réveiller la Bretagne.

Aucune arrestation ne suivra. Mais ce coup d’éclat, bientôt suivi d’un autre à Ingrandes en novembre 1932, annonce la dérive d’un mouvement prêt à la clandestinité. Depuis, la niche de l’hôtel de ville est restée vide, cicatrice de pierre rappelant cette nuit où le combat identitaire breton fit irruption dans l’histoire de Rennes.

Crédit photo de couverture / Source : L'Heure Bretonne, Public domain, via Wikimedia Commons


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