
Le port de pêche de Boulogne-sur-Mer, royaume des pêcheurs de hareng
PJG2+42 Boulogne-sur-Mer Pas-de-Calais
EN RÉSUMÉ
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Depuis plus d’un millénaire, Boulogne-sur-Mer vit au rythme des marées et du poisson. Premier port de pêche français, le port boulonnais a façonné l’histoire, les métiers et les traditions de toute une région tournée vers la mer.
Vers 1920 dans le port de Boulogne-sur-mer, des pêcheurs profitent d'une dernière pause avant de prendre la mer.
Dès le Xe siècle, la pêche s’organise sur ce littoral habité par les « hommes de la mer », les Morins. Les harengs, abondants dans la Manche, deviennent la richesse du Boulonnais et le moteur de ses rites. Dans les ruelles de la Beurière, les femmes salent, fument ou vendent le poisson à la criée. Les chasse-marées emportent vers Paris les caques pleines de hareng saur, tandis que les marins se préparent à de périlleuses campagnes vers les bancs d’Islande. Ce cycle du hareng forge un peuple solidaire, rude et croyant, pour qui la mer reste à la fois bénédiction et menace.
Sur les quais du port de Boulogne sur mer, préaparatifs avant le départ d'une campagne de Pêche en1891. Tableau d'Albert Chevallier Tayler.
Au XIXe siècle, le port entre dans l’ère industrielle. Les harenguiers à voile, puis à vapeur, font la fortune de Boulogne : 30 000 tonnes de hareng sont débarquées en 1921. Les dundées boulonnais, majestueux voiliers de 30 mètres, partent jusqu’aux côtes d’Irlande ou d’Écosse, ramenant leur cargaison d’argent vivant. Autour des bassins, l’odeur du sel et de la fumée envahit les saurisseries ; les cris des dockers, le grincement des cabestans et les chants des matelotes rythment le port.
Remonté de chalut à bord du chalutier « La Frégate », basé à Boulogne-sur-Mer, lors d'une campagne de pêche de deux jours en mer du Nord en 2006.
Après les Trente Glorieuses, la modernisation et la surexploitation des fonds marins fragilisent l’équilibre. La flotte décline, les quotas s’imposent, les grandes pêches reculent. Mais Boulogne-sur-Mer demeure le premier port de pêche de France, avec plus de 25 000 tonnes débarquées chaque année et le pôle Capécure, cœur européen de la transformation des produits de la mer. Derrière les halles modernes et Nausicaá, la mémoire des anciens résonne encore : celle d’un peuple qui, depuis toujours, tire sa vie du vent et des vagues.
Crédit photo de couverture / Source : Olivier Dugornay (Ifremer), CC BY 4.0, via Wikimedia Commons