Marius Baizé, le premier pilote français tué au combat en 1939

45C5+6R Bliesbruck Moselle

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EN RÉSUMÉ

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Le 21 septembre 1939, le sous-lieutenant Marius Baizé s’écrase aux abords de Bliesbruck, en Moselle. Premier pilote de chasse français abattu au combat pendant la Seconde Guerre mondiale, il incarne ces vies brisées dès les débuts de la “drôle de guerre”, quand la France entrait dans le conflit sans encore en mesurer toute la tragédie.

Le sous-lieutenant Pierre Marius Baizé, né le 22 mars 1912 à Lyon, obtient son brevet de pilote à l’École de l’air en juillet 1935, dans la promotion “Guynemer”, première de l’institution. Affecté successivement à plusieurs escadres sur le territoire national, il rejoint en 1939 le 1er Groupe de la 3e Escadre de chasse à Dijon-Longvic. Pilote expérimenté, il vole sur le Morane-Saulnier MS 406, fleuron de l’aviation française, alors que son pays vient d’entrer dans la guerre. Quelques jours après la mobilisation, le Groupe 1/3 est engagé dans la vallée de la Blies, entre Sarreguemines et Bitche, pour appuyer une offensive terrestre française destinée à soutenir la Pologne, déjà presque vaincue. Cette opération, appelée offensive de la Sarre, vise à atteindre la ligne des fortifications allemandes de l’Ouest.

Morane-Saulnier MS.406 at Rennes airshow 2007

L'avion Morane Saulnier MS-406 que pilotait Marius Baizé en 1939, au Rennes Airshow de 2007. 

Ce 21 septembre 1939, deux patrouilles du Groupe 1/3 — quatre appareils de la première escadrille et trois de la seconde — assurent la protection de deux Potez 390 du Groupe Aérien d’Observation 505 et d’un Mureaux 115 du G.A.O. 504, avions de reconnaissance particulièrement lents. À 16 h 15, au-dessus de la vallée de la Blies, l’ensemble est intercepté par des Messerschmitt Bf 109, plus rapides, plus maniables et mieux blindés que les chasseurs français. Le moteur et l’aile droite du MS 406 de Baizé sont touchés. L’avion s’enflamme aussitôt. Baizé parvient à s’extraire du cockpit, mais l’appareil est trop bas : son parachute se met en torche, incapable de se déployer. Il s’écrase sur la colline de Bliesbruck, en direction de Habkirchen. La commune étant évacuée, c’est le maire de Kalhausen qui organise son inhumation dans le cimetière de Weidesheim. Il est reconnu comme le premier pilote de chasse français mort au combat pendant la Seconde Guerre mondiale.

Me109 G-6 D-FMBB 2

Un Messerschmitt Bf 109 G-6 toujours en état de vol en 2005. 

Inhumé d’abord à Weidesheim, le père du sous-lieutenant Baizé se rend, à la fin du mois de novembre 1939, au poste de commandement du Groupe 1/3 pour obtenir l’exhumation du corps de son fils. Le capitaine Pierre Salvat, son plus proche camarade, se porte volontaire pour l’accompagner dans ce voyage. Le corps de Marius Baizé est rapatrié et inhumé dans le caveau familial de Villié-Morgon (Rhône), où il repose encore aujourd’hui. En 2014, la tombe a été restaurée par l’ANORAA du secteur Rhône-Ain-Loire. Une stèle commémorative rappelle également son sacrifice à Bliesbruck, où des cérémonies d’hommage se tiennent chaque année. Décoré à titre posthume de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre 1939-1940, Marius Baizé incarne l’héroïsme discret de ces aviateurs qui, dans les premiers jours du conflit, se sont battus avec courage et sang-froid, conscients de défendre plus qu’un pays : une idée de la liberté.

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