
Les remparts de Gravelines, la forteresse d’eau de Vauban
Chem. de Ronde Gravelines Nord
EN RÉSUMÉ
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À Gravelines, les remparts de Vauban se reflètent encore dans les eaux de l’Aa. Cette forteresse d’eau, née au Moyen Âge et façonnée par les Espagnols avant d’être perfectionnée par Vauban, demeure l’une des plus belles cités fortifiées d’Europe.
Fondée au XIIᵉ siècle par le comte Thierry d’Alsace, Gravelines naît comme avant-port de Saint-Omer. Sa position, entre marées et plaines, en fait un verrou stratégique disputé par toutes les puissances. D’abord ceinte de levées de terre, la cité devient sous Charles Quint une forteresse de brique dominant le canal de Bourbourg. Son fils Philippe II d’Espagne confie aux ingénieurs Olgiati, Thebaldi et Saluberto la construction d’une enceinte à six bastions, modèle de la fortification bastionnée. Ainsi s’impose une ville en forme d’étoile, symbole du pouvoir espagnol sur la côte flamande.
Carte de Gravelines vers 1641.
Conquise par la France en 1658, Gravelines devient l’un des maillons du Pré Carré imaginé par Vauban pour verrouiller le nord du royaume. Le maréchal renforce les défenses, creuse de nouveaux fossés, multiplie les demi-lunes et perfectionne le système d’écluses pour inonder les terres environnantes en cas d’assaut. Dans l’enceinte, il transforme le vieux château en arsenal, dote la place d’une citerne casematée, d’un four et de casernes. En 1699, la ville, désormais doublement fortifiée, allie la puissance des murs à l’intelligence hydraulique d’un ingénieur de génie.
Un système d'écluses dans les remparts de Gravelines dans l'estuaire de l"Aa.
Aujourd’hui, les remparts de Gravelines figurent parmi les mieux conservés d’Europe. Entièrement entourée d’eau, la cité se parcourt le long d’un chemin de ronde de trois kilomètres, ponctué de poudrières, corps de garde et de la fameuse porte aux Boules. L’ancien arsenal abrite le Musée du Dessin et de l’Estampe originale, et l’été, le “Chemin des Arts” anime les bastions de créations contemporaines. Ici, l’eau, la brique et la pierre parlent encore d’un temps où chaque marée pouvait devenir une arme.
Crédit photo de couverture / Source : "Le siège de Gravelines" peint en 1652 par Pierre Snayers.