Le site V1 de Siracourt, symbole d’un village sacrifié

14 Rue de Beauvois Siracourt

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EN RÉSUMÉ

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Au nord de Saint-Pol-sur-Ternoise, dans un vallon paisible du Pas-de-Calais, gît le colossal blockhaus, qui devait abriter la future base de lancement V1 de Siracourt. Conçu par l’Allemagne nazie pour pilonner Londres à coups de bombes volantes, il devint l’un des sites les plus bombardés d’Europe, comme un symbole de la guerre technologique menée avant le Débarquement.

Cruise missile Fieseler Fi 103 (also known as a Vergeltungswaffe [Vengeance Weapon] 1, or V1) is pulled by soldiers on sledges to its launching position.

Une fusée V1 amené vers son pas de tir en1944.

En septembre 1943, l’Organisation Todt entreprend, sous le nom de code Wasserwerk St. Pol, la construction d’un gigantesque bunker de 215 mètres de long, 36 de large et 10 de haut, capable d’abriter 150 missiles V1. Édifié au cœur du village, il devait recevoir les engins par voie ferrée avant leur lancement depuis une rampe orientée vers Londres. Pour se protéger des bombardements, les ingénieurs allemands adoptent la méthode Verbunkerung : couler d’abord la dalle de toit, puis creuser dessous, à l’abri des raids aériens.

Siracourt, Royal Air Force Bomber Command, 1942-1945 CL4157

 Siracourt, le bunker de lancement V1, lourdement bombardé après plusieurs attaques de bombardiers en juin 1944. 

Dès les premiers travaux, les Alliés repèrent l’ouvrage. Commence alors un déluge de feu : entre janvier et juin 1944, 27 raids aériens déversent plus de 5 000 tonnes de bombes, dont les redoutables Tallboy de 6 tonnes, capables de transpercer la dalle de béton. Une frappe du 25 juin 1944 pulvérise la structure, tandis qu’une autre éventre le mur nord. Le village entier de Siracourt est anéanti. La forteresse, inachevée, devient un cimetière de béton — un échec cuisant pour la stratégie des Wasserwerke voulue par Hermann Göring et Erhard Milch, partisans des grands bunkers face aux sites légers camouflés.

Après la guerre, 80 prisonniers allemands démontent la rampe et comblent partiellement les galeries. Le village reconstruit adopte un plan moderne imaginé par l’urbaniste René Hosxe, transformant l’ancien champ de ruines en modèle de reconstruction rurale. Aujourd’hui, le blockhaus, visible depuis la route, se dresse comme un vestige colossal de la guerre des ingénieurs et du prix payé par un village englouti.

Crédit photo de couverture / Source : No machine-readable author provided. Pir6mon assumed (based on copyright claims)., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons


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