
La Fosse 11/19 de Lens, mémoire vivante du bassin minier
Loos-en-Gohelle Pas-de-Calais Hauts-de-France
EN RÉSUMÉ
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Au nord de Lens, les deux chevalements jumeaux de la Fosse 11/19 se dressent comme les derniers témoins d’un monde disparu. De la poussière noire aux lueurs du renouveau, ce site raconte un siècle d’aventures humaines, de labeur et de fierté ouvrière.
Ouverte en 1891 par la Compagnie des mines de Lens, la Fosse 11 devient rapidement l’un des piliers du bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais. Autour du carreau s’étendent de longues rangées de maisons en briques, les corons, véritables cités ouvrières bâties pour accueillir les familles venues de Pologne, d’Italie ou de Belgique, attirées par la promesse d’un emploi stable. Chaque matin, les hommes descendent à plus de 500 mètres de profondeur, affrontant la chaleur, la poussière et le risque permanent des coups de grisou. Dans les galeries, la solidarité forge une fraternité ouvrière, rythmée par les sirènes, les fêtes de Sainte-Barbe et les grandes luttes syndicales.
La fosse no 11 détruite après la première guerre mondiale.
Ravagée par la Première Guerre mondiale, la fosse renaît entre 1920 et 1923. Reconstruite en béton armé et briques rouges, elle illustre la modernisation de l’industrie minière : mécanisation de l’extraction, rationalisation des ateliers, amélioration des conditions d’hygiène. En 1954, un second puits, le n°19, vient compléter le site pour renforcer l’aérage et la production. L’ensemble forme alors la Fosse 11/19, emblème de la puissance industrielle régionale. Dans les années 1950, la production atteint des sommets, dépassant un million de tonnes de charbon par an. Les mineurs, surnommés les “gueules noires”, deviennent les symboles du redressement national, avant que la fermeture progressive des puits, dans les années 1980, n’éteigne définitivement les lampes du fond.
Puits n° 11 de la Compagnie des mines de Lens au débuts des années 30.
Depuis 1986, la Fosse 11/19 a entamé une métamorphose exemplaire. De friche industrielle, elle s’est muée en pôle culturel et écologique, voisin du Louvre-Lens. Ses deux chevalements, classés Monuments historiques, dominent un paysage inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012. Entre mémoire ouvrière et renaissance du territoire, la Fosse 11/19 demeure le cœur battant d’un paysage industriel devenu mémoire universelle.
Crédit photo de couverture / Source : Klaumich49, CC BY 4.0, via Wikimedia Commons