
Le Lion de Bartholdi, hommage à la résistance de Belfort
All. du Souvenir Français Belfort Territoire de Belfort
EN RÉSUMÉ
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Sculpté dans le grès rose des Vosges entre 1875 et 1880 par Auguste Bartholdi, le Lion de Belfort ne rugit pas : il veille. Monument d’une force contenue, il commémore la résistance héroïque de la ville lors du siège de 1870-1871. Depuis la citadelle, sa silhouette puissante raconte l’histoire d’un peuple qui fit du courage une mémoire collective.
Lithographie de 1870 expliquant le siège de Belfort
Durant cent trois jours de siège, 17 000 soldats et près de 40 000 habitants résistèrent à une armée prussienne dix fois supérieure. Sous les ordres du colonel Aristide Denfert-Rochereau, la ville endura plus de 4 000 obus, la faim, le froid et les épidémies. Les caves servirent d’abris, les hôpitaux débordaient, mais personne ne voulut céder. Quand Paris signa l’armistice, la garnison refusa de se rendre sans les honneurs : un geste de dignité devenu légende nationale. À travers cet épisode, la ville conserva la fierté d’avoir résisté, quand tant d’autres avaient été contraintes à la reddition.
Les artilleurs mobiles de Toulouse quittent Belfort en recevant les honneurs de la guerre. (peinture de Jean-André Rixens, Capitole de Toulouse)
Quelques années plus tard, Auguste Bartholdi, marqué par la perte de son Alsace natale, voulut honorer cette mémoire. Le projet, lancé en 1872, trouva son lieu naturel au pied de la citadelle de Vauban, là où la mémoire de la résistance demeurait la plus vive. Bloc après bloc, les tailleurs sculptèrent un lion colossal : 22 mètres de long, 11 de haut, la patte posée sur une flèche brisée. L’artiste imaginait d’abord le tourner vers l’est, face à l’ennemi, mais l’œuvre fut finalement orientée vers l’ouest, signe d’une résistance pacifiée. Le lion ne célèbre pas la victoire ; il rappelle la force intérieure de ceux qui ont tenu.

Vue de la ville de Belfort en 1871.
Classé monument historique en 1931, le Lion de Belfort s’imposa peu à peu comme un repère de la mémoire nationale. À Paris, place Denfert-Rochereau, une réplique plus modeste prolonge son souvenir ; à Montréal, un exemplaire en bronze témoigne de la portée universelle du symbole. Chaque année, les habitants et les visiteurs lèvent les yeux vers sa masse de grès rose, comme on se recueille devant un témoin du passé. Au fil du temps, le Lion de Belfort est devenu le gardien de la mémoire, le témoin d'une histoire qui parle du courage et de la dignité d’une résistance sans triomphe.
Crédit photo de couverture / Source : Thomas Bresson, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons