Le passage Pommeraye à Nantes, la naissance du lèche-vitrine

Pass. Pommeraye Nantes Loire-Atlantique

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EN RÉSUMÉ

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Édifié entre 1840 et 1843, le passage Pommeraye incarne la transformation de Nantes en ville commerçante moderne. Par son audace architecturale et son raffinement, il témoigne de l’essor d’une bourgeoisie qui, au XIXᵉ siècle, fait du commerce un moteur de prestige et de progrès.

Au tournant des années 1840, Nantes entre dans une phase de reconversion. Après l’âge d’or du commerce maritime, la ville cherche à s’affirmer comme capitale régionale du négoce et de la modernité. C’est dans ce contexte que Louis Pommeraye, jeune notaire issu d’une bourgeoisie montante, imagine un passage couvert reliant la rue de la Fosse, axe des négociants, à la rue Santeuil, quartier du théâtre et des cafés élégants. Son ambition est double : réhabiliter un quartier insalubre et offrir aux Nantais un lieu d’achat et de promenade à l’abri des intempéries, sur le modèle des passages parisiens.

Comme souvent à Nantes, l’innovation naît de la contrainte : le relief, la densité du bâti et la nécessité d’unir les deux cœurs de la ville imposent une architecture audacieuse. Sous la direction des architectes Jean-Baptiste Buron et Hippolyte Durand-Gasselin, le chantier relève de la prouesse technique : il faut combler un dénivelé de neuf mètres en construisant un escalier monumental, orné de statues et couvert d’une verrière. À son inauguration en 1843, le passage abrite soixante-six boutiques alignées dans un décor fastueux et lumineux. Cette scénographie, associant architecture, lumière et vitrine, change le rapport au commerce : pour la première fois, les produits s’exposent derrière de larges baies vitrées que les promeneurs peuvent admirer sans acheter. C’est ainsi que naît à Nantes le plaisir du « lèche-vitrine », symbole d’une consommation devenue spectacle.

Passage Pommeraye 

Le passage Pommeraye à Nantes

Mais l’idéal de Pommeraye se heurte à la réalité économique. Fragilisé par la crise de 1848, le promoteur fait faillite et meurt ruiné en 1850. Le passage est repris par le baron de Lareinty, qui en prolonge la structure et assure sa pérennité. Malgré la concurrence des grands magasins à la fin du XIXᵉ siècle, il reste un repère du commerce urbain nantais, sauvé des bombardements de 1943 et classé Monument historique en 1976. Restauré en 2015, il symbolise aujourd’hui encore la capacité de Nantes à concilier patrimoine et innovation, commerce et culture.

Crédit photo / Source : François de Dijon, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


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