L’Hôtel de Ville de Marseille : de la rue de la Loge au Vieux-Port

Hôtel de Ville Marseille Bouches-du-Rhône

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EN RÉSUMÉ

L’histoire de l’Hôtel de Ville de Marseille, sur le quai du Port, remonte loin avant sa construction au XVIIᵉ siècle. Dès 1221, les consuls de la ville tiennent conseil dans une maison de la rue de la Loge, alors au cœur du commerce phocéen. En 1255, un premier hôtel de ville est attesté, bientôt appelé Palais Communal. Mais il se dégrade rapidement et, en 1653, le premier consul Gaspard de Villages décide d’édifier un nouvel hôtel de ville. La première pierre est bénite le 25 octobre par l’évêque Étienne de Puget. Après les retards liés à la guerre de Trente Ans et aux troubles de la Fronde, l’édifice est enfin inauguré en 1673. Lieu de pouvoir, il subit de plein fouet les bouleversements de l’histoire. Pendant la Révolution française, Marseille est rebaptisée Sans Nom et l’Hôtel de Ville est promis à la démolition, accusé d’avoir servi de repaire aux fédéralistes. Les premiers coups de marteau sont donnés avant qu’une intervention décisive de Robespierre, de François Omer Granet et d’Étienne Christophe Maignet ne sauve le bâtiment. Les armoiries de la façade sont modifiées : les fleurs de lys effacées, remplacées par un bonnet phrygien, symbole de la République.

Marseille (Bouches-du-Rhône) - la façade de l'hôtel de Ville et le quai du Port, vers 1880-1890 - Ville de Marseille - 87 Fi 10

La façade de l'hôtel de Ville et le quai du Port, vers 1880-1890 

Au XIXᵉ siècle, l’édifice, fragilisé par des fissures, fait l’objet de lourds travaux de consolidation entre 1839 et 1847. Mais c’est surtout au XXᵉ siècle qu’il affronte l’épreuve la plus dramatique. En janvier 1943, les troupes allemandes, avec la complicité des autorités de Vichy, rasent méthodiquement le quartier du Vieux-Port : 20 000 habitants sont expulsés, 1 500 immeubles détruits. Au milieu des ruines, l’Hôtel de Ville échappe miraculeusement au dynamitage, survivant avec seulement quelques monuments voisins comme la Maison Diamantée et l’Hôtel de Cabre. Classé monument historique en 1948, il devient un repère de mémoire autant qu’un centre politique. La reconstruction du Vieux-Port dans les années 1950 transforme son environnement, puis une extension moderne en 2006 lui offre de nouveaux espaces. Mais au-delà des pierres, l’Hôtel de Ville incarne l’âme municipale de Marseille, témoin des luttes, des crises et des renaissances qui ont façonné la cité.

Crédit photo / Source : wikipedia


LEXIQUE

  • rue de la Loge : ancienne rue commerçante médiévale de Marseille où siégeait le premier conseil communal.

  • Palais Communal : nom donné au premier hôtel de ville médiéval, utilisé dès le XVe siècle.

  • Sans Nom : appellation donnée à Marseille en 1794, lorsque la ville fut punie pour son opposition à la Convention.

  • Vieux-Port : port historique de Marseille, cœur économique et social de la cité, dynamité en partie par les Allemands en 1943.

  • Maison Diamantée : demeure Renaissance de Marseille, voisine de l’Hôtel de Ville, rescapée des destructions de 1943.

  • Hôtel de Cabre : maison médiévale de Marseille, également préservée lors de la destruction du quartier du Vieux-Port.


PERSONNAGES HISTORIQUES

  • Gaspard de Villages : premier consul de Marseille (1641-1652), à l’origine de la décision de construire le nouvel Hôtel de Ville en 1653.

  • Étienne de Puget : évêque de Marseille, qui bénit la première pierre de l’Hôtel de Ville en octobre 1653.

  • Robespierre : député montagnard, dont l’intervention contribua à sauver l’Hôtel de Ville de la démolition pendant la Révolution.

  • François Omer Granet : représentant en mission, protecteur du patrimoine marseillais en 1794.

  • Étienne Christophe Maignet : représentant en mission dans les Bouches-du-Rhône, favorable à la conservation du bâtiment.

 


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