
Les chantiers Dubigeon, la mémoire navale de Nantes
Bd Léon Bureau Nantes Loire-Atlantique
EN RÉSUMÉ
⏱️ Temps de lecture : 2 min
Symbole du savoir-faire nantais, les chantiers Dubigeon racontent plus de deux siècles d’aventures navales, familiales et ouvrières. Fondés en 1760, ils ont façonné l’histoire maritime de la ville jusqu’à leur fermeture en 1987, avant de devenir un lieu phare de la mémoire ouvrière.
C’est Julien Dubigeon, charpentier de marine, qui fonde en 1760 son premier chantier au bord de la Loire. Dans une ville alors prospère grâce au commerce maritime, ses descendants développent l’entreprise. Au XIXᵉ siècle, Théodore Dubigeon, maire de Chantenay, installe de vastes ateliers entre le canal Crucy et le fleuve. Puis Adolphe Dubigeon, ingénieur centralien, ouvre l’ère du métal et de la vapeur : il fait naître le Belem, en 1896, joyau à coque d’acier toujours en mer aujourd’hui. L’entreprise s’étend alors vers la Prairie-au-Duc, sur l’île de Nantes, où de nouveaux ateliers viennent prolonger le chantier historique de Chantenay.
Chantier de construction navale à la fin du XIXeme siècle sur l'île de Nantes
Rachetés en 1914 par les Ateliers et Chantiers de la Loire, les Anciens Chantiers Dubigeon connaissent une profonde modernisation : reconstruction des ateliers, apparition des forges, premières soudures à la place du rivetage. Malgré les destructions de 1944, la production reprend vite et s’oriente vers les navires métalliques et les sous-marins. Dans les années 1950, le site retrouve son apogée : plus de 7 000 ouvriers y travaillent. Les halles résonnent du fracas des marteaux, les grues Titan dressent leur silhouette sur la Loire et les ateliers s’emplissent de lumière. À Nantes, on construit aussi bien des paquebots que des sous-marins de la classe Daphné, dont certains rejoignent l’Afrique du Sud ou le Portugal. Mais la crise frappe la construction navale : la production s’arrête en 1987 avec le lancement du Bougainville.
Le contre-torpilleur Verdun quitte les chantiers de Nantes, le 5 avril 1930
Dès la fermeture, anciens ouvriers et associations s’unissent pour sauver plans, outils et archives. Sous la grue jaune de l’île de Nantes, les nefs Dubigeon renaissent : la Maison des Hommes et des Techniques ouvre en 1994, rappelant la vie du chantier et de ses bâtisseurs. Le parc des Chantiers et les Machines de l’île ont depuis transformé l’espace en un haut lieu culturel, où flotte encore l’esprit des navaleux nantais.
Crédit photo de couverture / Source : ThimGui, CC BY 4.0, via Wikimedia Commons
Vous connaissez une anecdote, une photo ou un document lié à ce lieu ? Contribuez pour enrichir cette histoire.