
L’ascenseur à bateaux des Fontinettes à Arques, et l’eau souleva l’acier
Rue de l'Ascenseur Arques Pas-de-Calais
EN RÉSUMÉ
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À Arques, l’ascenseur à bateaux des Fontinettes domine le canal de Neuffossé comme un défi lancé à la gravité. Inauguré en 1888, ce géant d’acier et de brique, unique en France, a mis fin aux jours d’attente des mariniers et ouvert une nouvelle ère pour le commerce fluvial du Nord.
À Arques, entre Dunkerque et Lille, les files de péniches s’étiraient sur le canal de Neuffossé, artère vitale du Nord industriel. Cinq écluses, treize mètres de dénivelé, et parfois cinq jours d’attente avant de franchir la pente entre l’Aa et la Lys. Chaque jour perdu, c’étaient des tonnes de charbon, de blé ou de verre qui tardaient à rejoindre les usines et les ports. Pour mettre fin à ce goulet, les ingénieurs Bertin et Edwin Clark, inspirés par le modèle anglais d’Anderton, conçoivent une machine révolutionnaire : un ascenseur à bateaux hydraulique. De 1883 à 1887, les ouvriers dressent deux cuves d’acier reliées par des pistons. Le 8 juillet 1888, la foule acclame cette invention française capable de hisser deux péniches en vingt minutes, grâce à la poussée d’Archimède.
Ascenseur hydraulique à bateaux de Fontinette dans le canal de Neuffossé. Dessin de W. Stöwer en 1890.
Pendant près de 80 ans, les Fontinettes propulsent l’économie régionale. Le trafic s’accélère, la batellerie se modernise, et Arques devient un nœud stratégique entre mer du Nord et bassin minier. Sous les tours de brique, six hommes orchestrent la manœuvre, au rythme du grondement des pistons. Mais l’essor du grand gabarit fluvial rend la machine obsolète. En 1967, les pistons sont scellés au béton et une écluse moderne prend la relève.
Classé Monument historique en 2014, l’ascenseur connaît aujourd’hui une renaissance. Restauré en centre d’interprétation, il raconte les gestes des mariniers, les rêves d’ingénieurs et le souffle industriel d’une époque où l’eau était la route des hommes et des marchandises.
Crédit photo de couverture / Source : François GOGLINS, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons