La mystérieuse opération Jericho sur la prison d’Amiens

85 Av. de la Défense Passive Amiens

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EN RÉSUMÉ

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Le 18 février 1944, l’Opération Jericho voit la Royal Air Force frapper la prison d’Amiens pour libérer quelques dizaines de résistants français promis à l’exécution. Ce raid à très basse altitude, mené par les Mosquito de la 2nd Tactical Air Force, marquera à jamais la mémoire de la ville, entre héroïsme, controverse et tragédie.

Aux premières heures du matin, 19 bombardiers Mosquito décollent du sud de l’Angleterre, escortés par des Typhoon. L’opération, codée Ramrod 564, est dirigée par le colonel Percy Charles Pickard, un pilote chevronné et célèbre, admiré par tous les membres de la Royal Air Force. Leur mission : voler à basse altitude jusqu’à Amiens et détruire les murs de la prison, où sont enfermés environ 700 détenus, dont quelques dizaines de résistants français condamnés à mort. À 12 h 03, les premiers engins frappent la cible : les toitures s’effondrent, les murs d’enceinte sont éventrés, les miradors pulvérisés.

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Les Mosquitos traversant la Manche juste au-dessus des vagues, en route pour attaquer la prison d'Amiens lors de l'opération Jéricho

Le bombardement, d’une précision redoutable, ne dure qu’une dizaine de minutes. Trois brèches s’ouvrent dans l’enceinte ; environ 255 prisonniers parviennent à s’évader. Mais la plupart sont rapidement traqués : 182 repris, parfois abattus sur place. Le raid provoque la mort de 102 prisonniers, tués par les explosions ou ensevelis sous les décombres, ainsi que 80 civils dans les quartiers voisins. Le colonel Pickard est lui-même abattu au retour, son avion s’écrasant près d’Auchel. Si la prison est partiellement détruite, une partie de son mur reste debout : symbole d’une liberté inachevée.

Operation Jericho - Amiens Jail During Raid 1

Opération Jericho : photo prise par RAF depuis un Mosquito participant au raid sur la prison d'Amiens. 

Depuis, l’Opération Jericho alimente de nombreuses interprétations historiques. Certains y voient la volonté de libérer des résistants clés pour préparer le Débarquement de Normandie, hypothèse reprise dans un film de propagande britannique diffusé en octobre 1944. D’autres chercheurs soutiennent qu’il s’agissait plutôt d’un épisode de l’opération Fortitude, destinée à tromper les Allemands sur le lieu du futur débarquement, Amiens se trouvant non loin du Pas-de-Calais. Les archives, toutefois, ne confirment pas la présence de résistants stratégiques dans la prison. Ce n’est qu’après 1946, avec la sortie du film Jericho, que le nom s’est imposé : à l’origine, le raid portait simplement le nom de code Ramrod 564. Aujourd’hui, un monument célèbre la mémoire des aviateurs, des prisonniers et des civils tués suite à ce bombardement, qui reste l’un des plus énigmatiques de la Seconde Guerre mondiale.

Crédit photo de couverture / Source : wikipedia


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