
13 août 1925 : L’express Paris–Boulogne déraille à Amiens
Pl. Alphonse Fiquet Amiens Somme
EN RÉSUMÉ
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Le 13 août 1925, la nuit tombe à peine sur Amiens quand un grondement terrible secoue la ville. À la sortie nord de la gare, le train express Paris–Boulogne quitte brutalement les rails. En quelques secondes, vingt et une voitures s’écrasent dans un vacarme assourdissant. Douze morts, cent soixante blessés : c’est l’un des pires drames ferroviaires de la Picardie.
Parti de Paris dans la soirée, l’express n°55 transporte vacanciers, militaires en permission, familles modestes et voyageurs d’affaires en route vers Boulogne-sur-Mer, terminus de la ligne et porte d’embarquement vers l’Angleterre. À l’approche d’Amiens, le train roule à 92 km/h au lieu des 40 autorisés. Dans la courbe précédant la gare, la locomotive bascule, arrachant les wagons dans sa chute. Cinq voitures s’encastrent les unes dans les autres, formant un amoncellement de bois et de métal d’où s’échappent des panaches de vapeur et des cris. Les passagers sont projetés contre les parois, piégés dans les compartiments disloqués.
Restes des voitures accidentées du train Paris-Boulogne, le lendemain de la catastrophe.
Très vite, les pompiers d’Amiens, les cheminots et les habitants du quartier Saint-Roch accourent. On éclaire la scène avec des torches, des lampes à pétrole, parfois des phares d’automobiles. Des médecins militaires et des infirmières improvisent un poste de secours dans la gare. Les blessés sont évacués vers l’hôpital Saint-Victor et les cliniques de la ville. Le bilan définitif fera état de douze morts, dont plusieurs familles entières, et de cent soixante blessés, certains grièvement brûlés ou mutilés. Le mécanicien, indemne mais effondré, évoque une erreur d’aiguillage, mais l’enquête conclura à une vitesse excessive dans la courbe.
Dans les jours qui suivent, Amiens s’organise pour soutenir les victimes. Les journaux locaux décrivent des files d’habitants venus donner leur sang, des collectes dans les églises et les commerces. La presse nationale parle d’un « inimaginable chaos » et souligne l’élan de solidarité qui traverse la ville. L’accident conduit la Compagnie du Nord à renforcer ses règles de sécurité et à moderniser ses installations. Près d’un siècle plus tard, le souvenir du 13 août 1925 demeure, rappelant à la fois la fragilité du progrès et la force d’une cité qui, unie dans la douleur, fit preuve d’une solidarité exemplaire.
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