La Cathédrale de Soissons, chef-d’œuvre du gothique primitif

23 Rue des Déportés et Fusillés Soissons

Voir le trajet

EN RÉSUMÉ

⏱️ Temps de lecture : 2 min 30

Dominant le cœur ancien de Soissons, en Picardie, la cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais raconte près de neuf siècles d’histoire. Née au XIIᵉ siècle, blessée par les guerres et les révolutions, elle demeure aujourd’hui l’un des témoins majeurs du premier gothique français, ce style qui a transformé la pierre en lumière.

C’est vers 1176 que l’évêque Nivelon de Quierzy, compagnon de croisade de Philippe Auguste, lance le chantier d’une nouvelle cathédrale pour remplacer un sanctuaire roman endommagé. Il confie la direction à des maîtres d’œuvre venus d’Île-de-France, entourés de tailleurs de pierre, charpentiers et verriers locaux. Ensemble, ils expérimentent les formes nouvelles du gothique primitif : arcs brisés, voûtes d’ogives, élévation à trois niveaux. Les blocs de calcaire lutétien, extraits des carrières voisines, donnent à l’édifice sa teinte blonde et sa douceur de lumière. Le chœur, achevé vers 1210, témoigne déjà d’une recherche d’équilibre et de grâce, annonçant les grandes cathédrales de Reims ou d’Amiens.

Soissons cathedral 115

Nef sur la façade ouest de la Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons.  

Mais cette beauté a traversé bien des épreuves. Incendiée en 948, puis endommagée à plusieurs reprises, la cathédrale subit les pillages des guerres de Religion, avant d’être partiellement dévastée à la Révolution française. Les statues des portails sont abattues, les trésors dispersés. Durant la Première Guerre mondiale, les bombardements de 1914 détruisent le transept et font s’effondrer plusieurs voûtes, réduisant l’édifice au silence. Les vitraux, chefs-d’œuvre du Moyen Âge, disparaissent presque entièrement.

Soissons, France, 1919 panorama

Panorama de Soissons en 1919, gravement endommagé pendant la Première Guerre mondiale . Au centre se trouve la cathédrale complètement dévastée.  

Vue depuis la rive de l’Aisne, la cathédrale domine toujours la ville comme une proue de pierre. Les restaurations du XXᵉ siècle redonnent vie à son architecture originelle, prolongeant le travail des bâtisseurs médiévaux. La tempête de 2017, qui a fracturé la rosace, rappelle que le temps lui-même reste un adversaire. Aujourd’hui, la lumière traverse à nouveau ses verrières, glissant sur les piliers soissonnais et la pierre blonde. Elle révèle la main des artisans d’hier et la persévérance de ceux qui, depuis neuf siècles, reconstruisent sans relâche la beauté.

Crédit photo de couverture / Source : Marc Ryckaert, CC BY 2.5, via Wikimedia Commons


Envie de découvrir

d’autres histoires dans

les Hauts-de-France ?


Vous connaissez une anecdote, une photo ou un document lié à ce lieu ? Contribuez pour enrichir cette histoire.