
Max Dormoy, un socialiste face aux extrêmes
8 Av. Marx Dormoy Montluçon
EN RÉSUMÉ
Né le 1er août 1888 à Montluçon, Marx Dormoy, plus connu sous le nom de Max Dormoy, grandit dans un foyer modeste mais profondément marqué par l’engagement politique de son père, Jean Dormoy, cordonnier et maire socialiste de la ville. Son prénom, choisi en hommage à Karl Marx, symbolise cette filiation militante. Orphelin de père à onze ans, il trouve dans l’action publique un chemin d’engagement. Employé de mairie, représentant de commerce, puis négociant en charbons après la Grande Guerre, il s’engage pleinement dans la SFIO. Élu conseiller municipal et général en 1925, il devient maire de Montluçon et, six ans plus tard, député. Réformateur, attaché à la démocratie, il s’illustre par son refus des dérives extrémistes, se plaçant toujours comme un défenseur d’une République ferme et juste.
En 1936, l’arrivée du Front populaire au pouvoir le propulse au cœur de l’État. Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Léon Blum, Max Dormoy doit faire face à une France traversée de tensions sociales et politiques. Il organise la sécurité lors des grandes grèves et joue un rôle décisif dans la négociation des accords de Matignon. Surtout, il révèle et démantèle la Cagoule, organisation d’extrême droite préparant un coup d’État, ce qui lui vaut la haine durable de ses ennemis. Il s’oppose aussi frontalement à Jacques Doriot, chef du Parti populaire français, qu’il fait révoquer de sa mairie de Saint-Denis. Mais son passage au ministère est également marqué par la dramatique fusillade de Clichy en 1937 et par ses décisions controversées face à l’arrivée massive des réfugiés espagnols, révélant la difficulté d’arbitrer entre humanité et ordre public.
Lorsque la France s’effondre en 1940, Max Dormoy reste fidèle à ses idéaux. Le 10 juillet, il se range parmi les 80 parlementaires qui refusent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Révoqué de son mandat, emprisonné puis assigné à résidence à Montélimar, il devient la cible de ses anciens adversaires. Dans la nuit du 25 au 26 juillet 1941, une bombe placée par d’anciens cagoulards sous son lit met fin à sa vie. Après la guerre, sa mémoire est honorée par des funérailles solennelles et de nombreux hommages : rues, écoles et même une station de métro parisienne rappellent aujourd’hui son combat pour la République et sa mort en résistant.
Crédit photo / Source : wikipedia
LEXIQUE
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SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) : parti socialiste français auquel appartient Max Dormoy.
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Front populaire : coalition de partis de gauche (socialistes, communistes, radicaux) arrivée au pouvoir en 1936 sous Léon Blum.
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Cagoule : organisation secrète d’extrême droite française, responsable de complots et attentats dans les années 1930.
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Fusillade de Clichy : affrontement du 16 mars 1937 entre forces de l’ordre et manifestants antifascistes, qui fit plusieurs morts.
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Les 80 parlementaires : députés et sénateurs qui refusent, en juillet 1940, d’accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
PERSONNAGES HISTORIQUES
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Jean Dormoy : père de Max, cordonnier, militant socialiste et ancien maire de Montluçon.
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Léon Blum : dirigeant socialiste, président du Conseil, chef du Front populaire, proche de Dormoy.
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Jacques Doriot : ancien communiste devenu chef du Parti populaire français (PPF), adversaire politique révoqué par Dormoy.
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