Le Mémorial de Nantes, le long combat pour l’abolition de l'esclavage
Passerelle Victor Schoelcher Nantes Loire-Atlantique
EN RÉSUMÉ
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Face à la Loire, sur les quais d’où partaient autrefois les navires négriers, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage rend hommage à ceux qui ont lutté pour la liberté. À Nantes, première place française du commerce triangulaire, l’abolition fut un chemin long, contrarié, et souvent hypocrite.
Dès 1788, l’abbé Grégoire et Brissot fondent à Paris la Société des Amis des Noirs, soutenus par quelques voix nantaises isolées. Mais dans la ville, la prospérité dépend trop du commerce colonial pour que l’idée fasse école. Quand la Convention abolit l’esclavage en 1794, la nouvelle reste lettre morte : les élites locales résistent, et les navires continuent d’armer en secret pour les côtes africaines. L’esclavage, rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802, redevient une réalité économique, au grand soulagement des armateurs nantais.
Construit à Nantes, le navire La Rosalie pouvait déporter jusqu’à 573 Africains vers les colonies en 1783
Sous la Restauration, la traite devient illégale, mais Nantes en demeure un foyer actif. Entre 1815 et 1831, plus de cent mille Africains sont encore déportés à bord de 308 navires partis du port. Les sanctions contre les capitaines sont rares, et l’hypocrisie d’État perdure. Il faut attendre 1831, puis 1848, pour que la seconde abolition, sous la Deuxième République, soit enfin totale et définitive. Elle ne vient pas seulement des parlementaires, mais aussi des révoltes d’esclaves et de la mobilisation d’intellectuels, d’artistes et de citoyens libres.
Aujourd’hui, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, inauguré en 2012 sur le quai de la Fosse, invite à réfléchir à cette lente conquête de liberté. Son architecture souterraine, ponctuée de 2 000 plaques portant les noms des navires négriers et des territoires d’esclavage, symbolise le poids du silence et la nécessité du souvenir. Nantes, longtemps dans le déni, s’y confronte désormais les yeux ouverts.
Crédit photo / Source : wikipedia
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