Le parc de la Tête d'Or : le poumon vert de Lyon

Boulevard des Belges Lyon Rhône

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Dans le 6e arrondissement de Lyon, le parc de la Tête d’Or n’est pas qu’un jardin : c’est un territoire chargé d’histoire, de mémoire, et un acteur vivant de la biodiversité urbaine. De la légende du trésor à la Plaine africaine, voyage au cœur d’un poumon vert devenu emblème.

 


L'HISTOIRE EN BREF

Un rêve impérial devenu jardin du peuple

Bois de boulogne marville

 La Grande Cascade vue par le photographe Charles Marville en 1858.

Au milieu du XIXe siècle, le mouvement hygiéniste inspire les grandes villes européennes. Paris se dote du bois de Boulogne, New York crée Central Park. À Lyon, Claude-Marius Vaïsse, préfet et maire, veut offrir un grand parc public aux classes populaires. Dans une Lyon en pleine expansion industrielle et démographique, Vaïsse souhaite imiter les grands aménagements parisiens impulsés par Haussmann. L'achat du domaine dit de la "Tête d'Or" est acté en 1854. Il confie la conception du parc aux frères Denis et Eugène Bühler, paysagistes renommés, accompagnés de l'ingénieur Gustave Bonnet.

Création du parc de la Tête-d'Or - vue générale sur le site, avant le commencement des travaux

Vue du site en 1855 avant le début des travaux du Parc de la Tête d'Or. 

Le chantier débute en 1856 sur un terrain marécageux difficile, composé de lônes et de bras morts du Rhône. La ville mobilise des moyens considérables : des digues sont érigées, un lac de 16 hectares est creusé, et des milliers d'arbres sont plantés pour transformer la plaine marécageuse en paysage harmonieux. Les paysagistes conçoivent un parc à l'anglaise, ponctué d'allées sinueuses, de bosquets et de clairières. L'idée est de créer une nature maîtrisée, accueillante et régénérante. Le parc est partiellement ouvert au public dès 1857, bien que les travaux ne s'achèvent qu'en 1861. Il devient rapidement un espace de détente, d'instruction et de cohésion sociale pour les Lyonnais.

Histoire de Lyon illustrée - 1

Un parc nourri par la science, les légendes et la nature

Auguste Paul Charles Anastasi - Parc de la Tête d'Or à Lyon 1867

Gravure représentant le parc de la Tête d'Or en 1867.

Le nom « Tête d'Or », antérieur à la création du parc, vient d'une légende locale selon laquelle des croisés auraient enfoui un trésor contenant une tête du Christ en or sur ces terres. L'histoire, entretenue par des rumeurs et une voyante consultée en 1855, participe à la construction d'un imaginaire collectif autour du parc. Héritier des tensions sociales du début du siècle, notamment suite à "la révolte des canuts", il incarne aussi une réponse politique : garantir l’accès au savoir et renforcer la cohésion sociale dans un espace naturel ouvert à tous. À cette dimension légendaire s'ajoute une véritable ambition scientifique et pédagogique.

Grandes serres du Parc de la Tête d'Or - 3

Les serres du jardin botanique 

Dès 1865, un jardin zoologique à vocation éducative est créé, en accès libre, suivi en 1887 du transfert du jardin botanique de la Croix-Rousse. Serres, palmiers, arbres rares, girafes, singes et flamants roses peuplent ce lieu devenu terrain d'expérimentation et d'émerveillement. Le parc s’est enrichi au fil des décennies, chaque époque y imprimant sa marque : du vélodrome Belle Époque (1894) au mémorial insulaire des années 1930, en passant par la roseraie internationale de 1961. Le parc devient un espace de promenade autant qu'un musée à ciel ouvert. Dès la fin du siècle, l'idée d'enclore le parc pour mieux le préserver suscite de vifs débats, révélant l'attachement populaire à cet espace libre et ouvert.

Visiter les parcs et jardins de France - 1

Le parc de la Tête d'Or : un espace de vie

Les girafes du Parc

Les girafes du parc de la Tête d'Or. 

Aujourd'hui, le parc de la Tête d'Or accueille plus de 3 millions de visiteurs chaque année. Il est un lieu de vie pour les Lyonnais et un site emblématique du patrimoine national. Son jardin botanique abrite plus de 15 000 plantes et ses serres historiques comptent parmi les plus grandes de France. Le parc zoologique, sur 3 hectares, poursuit sa métamorphose : en 2006, la Plaine africaine reproduit un biotope naturel, suivie en 2021 par la Forêt d'Asie, tournée vers la conservation d'espèces menacées.

Lyon - Arbres du Parc de la Tête d'Or 

L'esprit du parc reste fidèle à sa vocation initiale : être un espace populaire, ouvert et gratuit, à la fois lieu de promenade, de sport, de loisirs, mais aussi de transmission de la mémoire et de sensibilisation à l'écologie. Laboratoire vivant de biodiversité urbaine, le parc conjugue aujourd’hui héritage, innovation et respect du paysage imaginé par les Bühler.

Photo de couverture : Vue sur le lac du Parc de la Tête d'Or. source wikipedia

Une histoire des jardins botaniques - 1

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GLOSSAIRE

  • Canuts : ouvriers tisserands de la soie à Lyon au XIXᵉ siècle, célèbres pour leurs révoltes en 1831 et 1834 contre les conditions de travail et les bas salaires.

  • Claude-Marius Vaïsse : préfet du Rhône et maire de Lyon sous le Second Empire, instigateur des grands travaux d’urbanisme à Lyon, dont la création du parc de la Tête d'Or.

  • Bühler (Denis et Eugène) : frères architectes-paysagistes français du XIXᵉ siècle, spécialisés dans les jardins à l'anglaise. Ils ont conçu de nombreux parcs en France, dont celui de la Tête d’Or.

  • Gustave Bonnet : ingénieur lyonnais ayant supervisé les travaux de transformation hydraulique et d’aménagement du parc.

  • Parc à l’anglaise : style de jardin paysager conçu pour imiter la nature, avec des allées sinueuses, des reliefs doux, des points d’eau, à l’opposé du jardin à la française symétrique.

  • Lônes : anciens bras morts ou chenaux secondaires du Rhône, souvent marécageux, caractéristiques des zones alluviales rhodaniennes.

  • Révoltes des Canuts : soulèvements sociaux menés par les ouvriers de la soie lyonnais pour de meilleures conditions de travail. Elles ont marqué durablement la politique sociale et urbaine de Lyon.

  • Jardin botanique : espace dédié à la conservation, à l’étude et à l’exposition de plantes vivantes, souvent à vocation scientifique et pédagogique.

  • Jardin zoologique : espace où sont présentées des espèces animales vivantes à but éducatif, scientifique ou récréatif.

  • Plaine africaine : zone du parc zoologique inaugurée en 2006, reproduisant un écosystème de savane pour héberger girafes, antilopes, autruches…

  • Forêt d’Asie : extension du parc zoologique ouverte en 2021, conçue pour la préservation d’espèces asiatiques menacées.

  • Musée à ciel ouvert : lieu extérieur intégrant des éléments historiques, naturels ou architecturaux témoignant d’une mémoire collective.

  • Hygiénisme : mouvement de pensée du XIXᵉ siècle visant à améliorer la santé publique par l’urbanisme, l’accès aux espaces verts et la gestion sanitaire des villes.

  • Biodiversité urbaine : diversité des espèces vivantes (faune et flore) présentes en milieu urbain, considérée comme un enjeu écologique majeur.

Histoire contemporaine des paysages, parcs et jardins - 1

 


POUR SE REPÉRER

 


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