De la Villa Eugénie à l’Hôtel du Palais, le rêve impérial de Biarritz

EN RÉSUMÉ

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Perchée face à l’Atlantique, la Villa Eugénie naît en 1854 du désir de Napoléon III d’offrir à son épouse, Eugénie de Montijo, une résidence estivale évoquant la côte qu’elle connaissait depuis sa jeunesse en Espagne. Très vite, cette résidence impériale agit comme un aimant et change en quelques années le destin de Biarritz. Édifiée sur les dunes, la demeure attire rapidement la cour impériale et accélère la transformation d’un village de pêcheurs en station balnéaire de prestige.

Bains de la côte des fous et villa Eugènie à Biarritz vers 1870

Dans les années 1850, Biarritz n’est encore qu’un bourg vivant du cabotage, de la pêche et des bains thérapeutiques. L’achat d’un vaste terrain par Napoléon III en 1854 change profondément son destin. La Villa Eugénie, construite en moins d’un an par Hippolyte Durand, puis reprise par Couvrechef et Ancelet, adopte un style mêlant Second Empire et néo-Louis XIII, dont le plan adopte la forme d’un E, rappelant le prénom de l’impératrice. Dès 1855, la cour afflue dans des salons ornés de soieries choisies par Eugénie, véritable maîtresse d’œuvre du décor. Ses étés biarrots, rythmés par les réceptions diplomatiques et les promenades au bord de l’eau, propulsent la ville sur la carte des lieux de villégiature de la noblesse européenne.

 

Photographie de la villa Eugènie à Biarritz vers 1870. 

Le développement rapide du tourisme transforme profondément Biarritz : la ville voit surgir de nouvelles villas, des hôtels élégants, des établissements de bains et des promenades aménagées le long du littoral, donnant naissance à une véritable station balnéaire. Mais cet essor est brutalement interrompu au début du XXᵉ siècle. Le 1er février 1903, un incendie réduit la Villa Eugénie en cendres, un sinistre visible depuis toute la ville et qui marque profondément les Biarrots. Seule la chapelle impériale demeure intacte. Entre 1903 et 1905, l’architecte Édouard Niermans réinvente le site, qui renaît sous le nom d’Hôtel du Palais.

L'hôtel du Palais de Biarritz au coucher de soleil en 2025. 

Aujourd’hui, l’Hôtel du Palais est un repère patrimonial dont les façades néo-Louis XIII et les toitures sont classées depuis 1993. Restauré à plusieurs reprises, notamment au tournant des années 2020, il conserve la mémoire d’un lieu qui a façonné l’identité balnéaire de la ville. Mais son histoire rappelle aussi la mutation sociale qu’a connue Biarritz : montée des prix, tourisme élitiste, transformation du littoral. Ce type de palace concentre aujourd’hui une part essentielle de l’économie touristique locale, renforçant l’ambivalence de son héritage. Sur la Grande Plage, sa silhouette domine toujours l’horizon, témoin d’un rêve impérial devenu symbole architectural de la cité basque.

Crédit photo de couverture / Source : Dennis G. Jarvis, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons

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